On entend beaucoup parler du réchauffement de la planète et du changement climatique. Un fait en particulier inquiète beaucoup d’experts. Il fait de plus en plus chaud* dans l’un des endroits les plus froids de la Terre.
Dans l’Arctique, la température de l’air augmente plus de deux fois plus vite que la moyenne mondiale, note l’Administration américaine des études océaniques et atmosphériques (NOAA) dans l’édition 2014 de son rapport* sur cette région. Elle y consigne aussi d’autres indicateurs clés sur la cadence des changements dans les zones les plus septentrionales de la planète.
Plus d’une soixantaine de scientifiques et de chercheurs de 13 pays ont contribué à la publication de ce rapport, sorti fin 2014. Les deux cartes ci-dessous montrent la différence du nombre de jours enneigés par rapport à la moyenne, à l’automne 2013 et au printemps 2014.

Voici les principales conclusions des études les plus récentes et les plus complètes pour cette région :
Couverture de neige : Au printemps 2014, la couverture de neige dans l’ensemble de la région Arctique était moins étendue qu’elle n’était en moyenne pour la période 1981-2010. En Eurasie, en avril, elle était à son niveau le plus bas depuis 1967. Vu le faible niveau des accumulations saisonnières, et un printemps un peu plus chaud que d’habitude, la neige a fondu entre trois et quatre semaines plus tôt dans bien des endroits.
Glace de mer : La superficie de la glace la plus ancienne, et la plus épaisse (plus de 4 mètres), a diminué depuis 1988. À l’époque, elle représentait 26 % de la banquise, contre 10 % en 2014. Cette contraction explique en partie la diminution du nombre d’ours polaires dans certaines zones.
Températures de l’océan Arctique : Les températures des eaux de surface mesurées pendant la période de la fonte des glaces en été étaient plus élevées que par le passé en 2014. Le réchauffement était particulièrement marqué dans la mer des Tchouktches, au nord-ouest de l’Alaska. Dans la mer de Laptev, au nord de la Russie, la température pouvait atteindre 3,9 degrés celsius de plus que la moyenne pour la période 1982-2010.
Inlandsis groenlandais : La fonte de glaces a été observée sur près de 40 % du glacier continental du Groenland pendant l’été 2014, à un niveau généralement supérieur à la moyenne pour la période 1981-2010. La glace reflète vers le ciel une bonne partie de l’énergie solaire qui la frappe. Donc, moins il y a de glace, plus il y a d’énergie solaire qui est absorbée au lieu d’être reflétée. Ce qui fait fondre encore plus de glace. En août 2014, la capacité de la glace à refléter l’énergie solaire (albédo) était à son niveau le plus faible depuis plus de dix ans. La masse totale de l’inlandsis est restée pour ainsi dire inchangée entre 2013 et 2014.
Le Conseil de l’Arctique, par le biais de son programme de surveillance et d’évaluation des zones de la région, a soumis le rapport de la NOAA à un comité de lecture – cette évaluation par les pairs est un principe fondamental de la recherche scientifique, un label de qualité en quelque sorte.
Les huit pays membres du Conseil de l’Arctique* se réuniront à Iqaluit (Canada) les 24 et 25 avril. Ce conseil est un forum de discussion pour les États bordés par l’océan Arctique et les peuples autochtones. Parmi les principaux thèmes abordés figurent le développement durable, la protection de l’environnement, le transport maritime et des questions propres à la région.
*en anglais