Une femme montrant un autocollant sur lequel est écrit « I Voted » en gros avec des mots en plusieurs langues en dessous (© Frederic J. Brown/AFP/Getty Images)
Shay Samuel, de Los Angeles, a reçu un autocollant « I Voted » (j’ai voté) après avoir mis son bulletin dans l’urne, en 2018. (© Frederic J. Brown/AFP/Getty Images)

Voter est un pilier de la démocratie. Aux États-Unis, les bulletins de vote sont donc traduits en plusieurs langues afin que les électeurs qui ne maîtrisent pas parfaitement l’anglais puissent choisir leurs dirigeants et influencer les décisions sur les questions importantes.

Par exemple en Californie, pour le scrutin du 3 novembre, les bulletins de vote seront disponibles en arabe, arménien, coréen, espagnol, hmong, persan, syriaque et tagalog, entre autres.

Pour Whitney Quesenbery, directrice du Center for Civic Design*, la mise à disposition de bulletins de vote traduits en plusieurs langues est un principe de base et un élément essentiel à une plus grande participation à la démocratie américaine. Avec des bulletins disponibles dans leur langue maternelle, ceux qui votent pour la première fois peuvent s’acquitter de leur devoir civique plus facilement.

« Plus on aide les gens à comprendre les mécanismes du vote, plus c’est facile pour eux de franchir le pas et devenir un membre à part entière de notre société », assure Mme Quesenbery.

Pour supprimer les obstacles auxquels se heurtent parfois les citoyens d’origine alaskienne, amérindienne, asiatique ou hispanique, le Congrès a amendé, en 1975, le Voting Rights Act de 1965, pour y inclure des dispositions relatives à l’accès au vote en langues étrangères.

Ainsi, en vertu de l’article 203* de cette loi amendée, les juridictions doivent fournir un service d’assistance linguistique si plus de 10 000 citoyens ou 5 % de la population en âge de voter appartiennent à un groupe linguistique minoritaire, ont un faible taux d’alphabétisation et ne parlent pas très bien anglais.

Plusieurs piles de brochures les unes à côté des autres (© Lucy Nicholson/Reuters)
Dans ce bureau de vote de Santa Monica (Californie) les instructions de vote sont disponibles en plusieurs langues. (© Lucy Nicholson/Reuters)

Les traductions doivent être disponibles pour les primaires et les élections générales, les référendums, les élections portant sur l’émission de titres obligataires et les autres questions locales ayant trait, par exemple, au conseil d’administration des districts scolaires.

Dans certains cas, les administrations locales font plus que le minimum. Ainsi en 2019, le Conseil d’administration du comté de Cook dans l’Illinois a adopté une ordonnance pour que les bulletins de vote soient entièrement traduits en huit nouvelles langues pour les élections du 3 novembre 2020. (Ils étaient déjà disponibles en anglais, espagnol, chinois et hindi, selon le Chicago Sun-Times*.)

Le comté de Cook compte 5,2 millions d’habitants qui vivent à Chicago et dans plusieurs banlieues au nord-ouest de la ville. Plus du tiers (35 %) des habitants du comté de Cook parlent une autre langue que l’anglais.

Pour les primaires des présidentielles du 17 mars, les premières élections dans l’Illinois depuis l’adoption de la nouvelle ordonnance, les bulletins en ligne et ceux envoyés par voie postale étaient disponibles en coréen et en tagalog dans le comté de Cook. Pour les élections présidentielles et locales du 3 novembre, le comté mettra à disposition des bulletins électroniques, postaux ainsi qu’une assistance audio en six langues supplémentaires : arabe, gujarati, ourdou, polonais, russe et ukrainien.

Les élus locaux utiliseront les résultats du recensement pour déterminer à quelles circonscriptions doivent être envoyés les bulletins imprimés dans ces huit langues et si de nouvelles langues devraient être ajoutées l’année prochaine, explique Kevin Morrison, fervent soutien de l’ordonnance et membre du Conseil d’administration du comté de Cook.

« Notre démocratie est ancrée dans le principe que tous les électeurs doivent avoir les mêmes chances d’exercer leur droit de vote et le même accès, indépendamment de la langue qu’ils parlent, de leur capacité physique ou de leur niveau d’alphabétisation », affirme dans un communiqué Toni Preckwinkle, présidente du Conseil du comté de Cook.

 

*en anglais