
La Terre est décidément en surchauffe. L’année 2015 a été la plus chaude depuis qu’on relève les températures.
Cela ressort clairement du dernier bilan de santé de la planète* que dresse annuellement l’Administration américaine des études océaniques et atmosphériques (NOAA), rendu public le 2 août. Mesures des températures de l’air et des océans, montée du niveau des mers, émissions de gaz à effet de serre : minutieux, les scientifiques donnent beaucoup de détails.
« Je crois qu’on aurait dû appeler le médecin des années plus tôt », ironise Deke Arndt, co-éditeur du rapport de la NOAA. « Les symptômes sont multiples. »
Des scientifiques de 62 pays ont collaboré à la rédaction de cet ouvrage, qui examine 50 aspects du climat, dont la fonte de la banquise arctique et des glaciers à travers le monde. Une douzaine de pays, telles la Russie et la Chine, ont battu des records de température individuels. L’Afrique du Sud a connu le mois d’octobre le plus chaud de son histoire : le mercure est monté jusqu’à 48,4 °C.
Scientists: Global sea surface temp record high in 2015. #StateOfClimate https://t.co/QnSNn9nxXy@NOAANCEIclimate pic.twitter.com/cT4Isa9fs3
— NOAA (@NOAA) August 2, 2016
La saison des ouragans en 2015 a été relativement calme au-dessus de l’Atlantique ; par contre, on a enregistré 36 cyclones tropicaux importants à l’échelle mondiale. C’est 15 de plus que la moyenne, note Jessica Blunden, de la NOAA.
Ces records de chaleur s’expliquent facilement, ajoute la climatologue : les émissions des trois principaux gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane et oxyde d’azote) ont atteint un niveau sans précédent.
« Complet et minutieux » : c’est l’analyse d’une autre spécialiste du climat, Kim Cobb, de Georgia Tech, à propos du rapport de la NOAA.
Il faut dire que ses auteurs ne se sont pas contentés de citer des chiffres et des statistiques. Ils évoquent aussi, entre autres : les conséquences du réchauffement sur les populations de morses et de pingouins ; son rôle dans la prolifération d’algues ; et les terribles canicules partout au monde, notamment en Inde et au Pakistan où elles ont fait des milliers de morts. Le tiers de la masse terrestre de la planète a connu une période de sécheresse au cours de l’année écoulée.
Environ 93 % de la chaleur piégée par les gaz à effet de serre – provenant par exemple de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz – est absorbée par l’océan, notent les auteurs du rapport. Pas étonnant, donc, que les températures de l’océan aient elles aussi battu des records, à la surface comme en profondeur.
« Cela a des répercussions sur les gens. Ce n’est pas de la théorie », souligne Jessica Blunden.
*en anglais