Ce designer ghanéen a le chic pour combattre le palu

Ce n’est pas donné à tout le monde de percer dans le monde de la mode, un secteur hyper-compétitif. Mais Papa Oppong est bien parti pour réussir.

Le jeune Ghanéen de 24 ans se distingue pour deux raisons en particulier. Son sens de l’esthétique, pour commencer : un style inspiré par la pop culture et les couleurs éclatantes d’un marché ghanéen. Et parce qu’il veut sauver les enfants en les protégeant contre le paludisme.

Papa Oppong, posant pour la photo (© Francis Atsuvi)
Papa Oppong (© Francis Atsuvi)

Grâce à la fondation DC Fashion*, Papa Oppong peut conjuguer ses deux passions. L’organisation fait venir des artistes et des artisans comme lui à Washington pour qu’ils puissent participer pendant un an à un stage* géré par l’association Cultural Vistas.

Fraîchement diplômé de l’université Radford du Ghana, le jeune homme est arrivé à Washington en 2015 avec en poche un diplôme de design de mode. Par le biais de la fondation, il a mis sur pied un projet – « Un vêtement, un enfant » — qui vise à prévenir la transmission du paludisme dans son pays. Il envisage de l’étendre plus tard au reste de l’Afrique. L’idée est simple : il crée une collection de vêtements pour enfants confectionnés dans un tissu qui repousse les moustiques, vecteurs de maladies.

C’est un projet qui lui tient à cœur, d’autant qu’il a lui-même survécu au paludisme. Son projet comporte aussi un volet économique. Papa Oppong compte en effet créer des emplois au Ghana en embauchant des marchands ambulants qui teindront les tissus, pour que la plupart des aspects de la production restent dans le pays.

Un jeune homme en train de faire des croquis (© Ofoe Amegavie)
Papa Oppong, en train de dessiner des croquis, dit qu’il faut travailler dur sans se plaindre quand on fait carrière dans la mode. « L’industrie n’a pas le temps pour l’égoïsme. » (© Ofoe Amegavie)

Outre son projet antipaludique, il a présenté à Washington une collection de vêtements pour l’automne/hiver 2016. Il a aussi profité de son stage pour se familiariser avec les pratiques commerciales et les nouvelles techniques de design. Il a posté sur Instagram et Twitter des croquis de mode avec les chanteuses Rihanna et Kelly Rowland pour modèles : le magazine Forbes*, CNN* et les artistes en personne sont séduits. « Ce sont des femmes que j’admire, dit-il, et parfois je peux avoir leur avis sur mon travail de première main. »

Papa Oppong apprécie la diversité culturelle de Washington et admet qu’il profite de ses déplacements quotidiens dans la capitale pour observer la façon dont les gens s’habillent.

Un croquis de mode et deux modèles (© Papa Oppong) et (© Francis Atsuvi)
À gauche : un croquis d’Oppong, influencé par la période africaine de Picasso et le vaudou (© Papa Oppong) À droite : des tenues de sa collection printemps/été 2016 (© Francis Atsuvi)

Quelle que soit sa source d’inspiration, il va très probablement se faire un nom dans la mode. Il est en pourparlers avec Studio 189*, une entreprise implantée au Ghana et fondée par l’actrice Rosario Dawson et Abrima Erwiah, antérieurement cadre chez Bottega Veneta. Il pourrait mettre ses talents au service de leur griffe.

Il espère être un jour principal designer pour une maison de couture et poursuivre en même temps les projets qui lui sont chers, d’ordre artistique ou caritatif.

 

*en anglais