Pendant longtemps, on a dit aux femmes et aux jeunes filles ce qu’elles devaient faire pour éviter le harcèlement sexuel dans les lieux publics — comment s’habiller, comment se comporter, quels gestes bannir, où marcher. Mais de nos jours, des groupes du monde entier font porter la responsabilité du changement là où elle réside : sur les auteurs de ces actes et les milieux qui les tolèrent.

« La raison pour laquelle tant de femmes et de jeunes filles se font siffler et harceler tous les jours n’a pas grand-chose à voir, contrairement à l’idée reçue, avec leur apparence ou leurs vêtements », souligne Yola Mzizi, fondatrice de Catcalls of Chicago*. C’est une question de pouvoir, de misogynie, le désir de priver les femmes et les filles de leur autonomie corporelle, ajoute-t-elle.

Comme beaucoup d’autres femmes à travers le monde, Yola se mobilise pour mettre fin au harcèlement de rue par le biais des médias sociaux et de campagnes locales qui s’attaquent aux causes profondes du problème.

Chalk Back, un mouvement international

Catcalls of Chicago est l’un des nombreux comptes de médias sociaux de Chalk Back*, mouvement lancé par Sophie Sandberg à New York et qui s’est essaimé à l’étranger (Afrique, Amérique du Sud, Asie, Europe). Leur mission est partout la même : donner la parole aux femmes victimes du harcèlement de rue.

En écrivant à la craie (chalk) sur le trottoir les remarques ou gestes déplacés dont elles ont fait l’objet, là où elles ont été interpellées, les membres du mouvement espèrent sensibiliser leurs collectivités au problème.

« Pour moi, la notion de responsabilité implique qu’on appelle une chose par son nom », déclare Karimot Odebode, fondatrice de Catcalls of Nigeria*. « Nous pouvons obliger les harceleurs et les agresseurs à rendre des comptes en ayant une loi qui protège tout le monde. Une loi qui est en place et qui criminalise le harcèlement de rue. »

Des lois pour mettre fin au harcèlement

Il y a deux ans, deux sœurs, Maya et Gemma Tutton, ont lancé une campagne nationale, Our Streets Now*, pour rendre illégal le harcèlement de rue en Angleterre et au Pays de Galles.

En Angleterre, deux filles et jeunes femmes sur trois âgées de 14 à 21 ans ont été victimes de harcèlement de rue à un moment ou un autre, et une sur trois portait un uniforme scolaire lorsque cela s’est produit, selon Plan International UK.

« Je pense qu’on peut tous être d’accord sur le fait qu’un sentiment de sécurité est une condition essentielle pour vivre sa vie », déclare Maya Tutton*.

La campagne des deux sœurs a lancé une pétition exhortant le gouvernement à rédiger et à adopter une loi qui rendrait le harcèlement de rue illégal. Elle a recueilli plus de 400 000 signatures en ligne.

Our Streets Now a également fourni des ressources pédagogiques aux enseignants, au Royaume-Uni, pour qu’ils puissent sensibiliser les élèves aux causes de ce phénomène. Car tout le monde, et pas seulement les filles et les femmes, doit faire sa part d’effort pour y mettre fin. « On ne peut pas continuer à tout mettre sur le dos de la victime », a déclaré Maya Tutton à la BBC en mars*.

Former les témoins à réagir

Les femmes ne sont pas les seules à être victimes de harcèlement de rue. Lancé en 2005, Hollaback!* est un mouvement international en ligne qui encourage les femmes, les membres de la communauté LGBTQI+ et les personnes de couleur à signaler les comportements sexistes subis dans l’espace public par le biais de blogs et d’applications pour smartphones.

C’est une façon de faire prendre conscience de l’ampleur du problème là où les faits se déroulent.

En outre, Hollaback! propose des programmes qui enseignent aux témoins des façons de réagir pour tenter de désamorcer une situation sans prendre de risque. En 2021, ce groupe a formé un nombre record de personnes : plus de 240 000 dans le monde entier.

La prévention de toutes les formes de violence liée au genre est une clé de voûte de l’engagement du gouvernement américain à promouvoir la démocratie, à faire progresser les droits humains et à faire avancer l’égalité des sexes.

Cette année, les États-Unis publieront leur premier plan d’action national pour mettre fin à la violence liée au genre.

 

*en anglais