
L’ambassadrice Deborah L. Birx* exerce l’un des plus importants emplois du monde. Sa tâche : diriger l’initiative des États-Unis pour mettre un terme au sida – le plus vaste engagement jamais pris par un pays pour lutter contre une seule maladie.
Mme Birx est à la tête du Plan présidentiel d’aide d’urgence à la lutte contre le VIH/sida (PEPFAR), créé en 2003 pour dispenser des services à même de sauver la vie des personnes atteintes du VIH/sida dans les pays les plus durement touchés. « Avant le lancement du PEPFAR, un diagnostic de VIH était une condamnation à mort, dit-elle. Aujourd’hui, 15 plus tard, le PEPFAR a sauvé plus de 14 millions de vies, et nous sommes plus proches que jamais du moment où nous mettrons un terme à l’épidémie en tant que menace à la santé publique. »

C’est en 1985 que Deborah Birx a rejoint le département de la Défense des États-Unis où elle a entamé sa carrière médicale après avoir reçu une formation militaire en tant que clinicienne en immunologie, spécialisée dans les recherches sur un vaccin contre le VIH/sida. Elle était au grade de colonelle quand, de 2003 à 2006, elle a copiloté l’un des essais de vaccins contre le VIH qui ont le plus influencé les recherches suivantes, un essai qui avait confirmé qu’un vaccin pourrait dans l’avenir prévenir l’infection par le VIH.
À l’occasion du 15e anniversaire du PEPFAR, Deborah Birx a partagé ses réflexions sur la lutte mondiale pour mettre un terme au sida.
ShareAmerica : Quelles sont, d’après vous, les trois leçons les plus importantes que le PEPFAR a tirées de la lutte mondiale contre le sida ?
D. Birx : On a retenu tellement de leçons qu’il est difficile d’en choisir trois. Mais puisque je dois choisir, je citerai les suivantes :
- Si on veut réussir, on doit toujours donner la priorité aux gens. Si on ne fait pas montre de respect envers les gens et qu’on ne crée pas un climat de compassion et de responsabilité, on n’atteindra pas ses objectifs.
- Des données, encore des données et toujours des données. Pour résoudre un problème, on doit comprendre tous ses complexités, surveiller les résultats des mesures prises tout en étant assez souple pour pouvoir, au besoin, rapidement ajuster son plan au cas où une autre approche serait plus performante.
- Ne jamais se laisser dissuader par une tâche difficile si elle vaut la peine d’être accomplie. Comme Nelson Mandela l’a dit avec tant de sagesse : « Cela paraît toujours impossible, jusqu’à ce que cela devienne réalité. » Œuvrant de concert avec nos partenaires, le PEPFAR a atteint beaucoup d’objectifs qui semblaient impossibles auparavant.

SA : Vous occupez depuis quatre ans le poste de coordonnatrice des États-Unis pour la lutte mondiale contre le sida. Quels ont été vos « moments forts » et pourquoi ?
D. Birx : Je suis extrêmement fière des millions d’hommes, de femmes et d’enfants dans le monde entier que nous servons, et profondément touchée par eux. Tous ont eu le courage de savoir s’ils étaient séropositifs, de suivre un traitement le cas échéant et d’adhérer à ce traitement aussi bien pour leur propre santé que pour protéger leurs partenaires et leur famille. Au bout du compte, ce sont eux qui font le succès du PEPFAR.
SA : Quels seront, à votre avis, les futurs défis et succès du PEPFAR dans les 15 prochaines années ?
D. Birx : Notre principal défi à l’heure actuelle est de consolider ces réalisations extraordinaires en accélérant le rythme de nos progrès. Pour la première fois de l’histoire moderne, nous avons les outils qu’il faut pour contrôler une pandémie sans avoir un vaccin ou un traitement curatif, établissant ainsi les fondations qui devraient permettre d’éliminer le VIH à l’avenir.
Treize pays où la prévalence du VIH est élevée sont bien partis pour contrôler l’épidémie d’ici 2020 avec l’aide du PEPFAR. Ces efforts traceront une feuille de route pour parvenir à maîtriser l’épidémie dans la bonne cinquantaine de pays que le PEPFAR soutient. Si nous réussissons à contrôler l’épidémie de manière durable, nous serons en mesure d’éliminer le VIH une fois qu’un vaccin ou un traitement curatif sera développé.
Rejoignez le 15e anniversaire du PEPFAR #PEPFAR15* et découvrez comment ce qui paraissait impossible est devenu réalité.
*en anglais