Quand elle était consultante au Panama, Yarelis Gomez a remarqué que les déchets étaient souvent enterrés ou incinérés.
Mais en tant que conseillère en matière d’écologie, Mme Gomez savait pertinemment que se débarrasser ainsi des déchets polluait l’eau et l’air. Le Panama, souligne-t-elle, répond à des normes environnementales strictes à bien des égards, mais n’a pas les moyens nécessaires pour disposer des déchets organiques.
Et ce problème d’inspirer Mme Gomez à lancer Geoazul, une entreprise qui embauche des prisonniers en liberté conditionnelle pour recycler les déchets alimentaires et forestiers en compost et en paillis. Les produits finis sont ensuite vendus à des jardiniers. Aujourd’hui, « nous sommes la seule entreprise au Panama qui recycle des déchets organiques », précise Mme Gomez.

Yarelys Gomez, 30 ans, a monté son affaire Geoazul l’an dernier, après avoir complété avec succès en 2017 le programme des États-Unis pour l’entrepreneuriat féminin. Baptisé WEAmericas Initiative*, le programme soutient les femmes qui veulent monter des entreprises en leur offrant une formation en management, en networking et en leadership.
L’entreprise Geoazul est le fruit d’une collaboration entre Mme Gomez et Franklin Ayon, un ancien détenu qui avait lancé un programme de recyclage en prison, il y a cinq ans. Une initiative à laquelle la Croix-Rouge reconnaît le mérite* d’avoir amélioré les conditions de vie dans la prison panaméenne de La Joyita, et d’avoir contribué à la réinsertion des détenus.
Aujourd’hui, Geoazul aide les détenus en liberté conditionnelle à poursuivre leur réinsertion dans la société. L’entreprise paie des salaires aux travailleurs tandis qu’ils acquièrent de l’expérience qui leur sera utile dans l’emploi plus tard. « Ils commencent chez nous et évoluent vers d’autres entreprises plus grandes », se félicite Mme Gomez.

En un an, Geoazul a grandi au point d’employer à présent 150 personnes. Pendant que ses employés ramassent des déchets destinés au compostage ou broient des branches pour faire du paillis, Mme Gomez compte sur les compétences en gestion commerciale qu’elle a acquises avec WEAmericas. « Le programme m’a appris à déléguer le travail et à établir un budget », explique-t-elle.
Par ailleurs, Mme Gomez continue son travail de consultante écologique. (Elle a découvert, grâce à WEAmericas, que les entrepreneurs peuvent travailler sur plusieurs projets à la fois.)
L’ambassade des États-Unis au Panama gère de nombreux programmes destinés à soutenir les start-up locales. Mme Gomez a récemment participé à un atelier organisé à l’ambassade pendant la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat. Elle a également déposé une demande pour rejoindre l’Initiative pour les jeunes leaders des Amériques*, dont le but est d’inviter des entrepreneurs d’Amérique latine à suivre des formations au sein de sociétés américaines.
Mais déjà, Mme Gomez a le sentiment d’avoir beaucoup accompli par son travail. « En fait, j’ai le sentiment de connaître la meilleure des réussites, s’enthousiasme-t-elle. Je me sens comblée d’avoir non seulement le côté environnemental dans mon travail, mais aussi le côté social » au travers du soutien aux anciens détenus.
*en anglais