Le Parti communiste chinois (PCC) redouble d’audace pour essayer de contraindre les gouvernements et les institutions d’Europe à réprimer la liberté d’expression de leurs propres citoyens.
On sait très bien que le PCC impose une censure très stricte sur la population chinoise, allant même jusqu’à interdire certains mots. Mais Beijing cherche aussi maintenant à faire pression sur les Européens, sur le plan tant politique qu’économique, quand ceux-ci se montrent trop critiques à l’égard du gouvernement chinois.
La censure par le PCC est un problème mondial. En voici quelques exemples en Europe.
Suède

En novembre, l’ambassadeur de Chine en Suède a menacé d’interdire d’entrée dans son pays la ministre suédoise de la culture si elle accordait un prix littéraire à un ressortissant suédois détenu et d’origine chinoise. La ministre ne s’est pas laissé intimider.
La Suède « ne cèdera jamais à ce genre de menace. Jamais », a déclaré le Premier ministre suédois, Stefan Löfven, à l’Associated Press, le 15 novembre. « Nous jouissons de la liberté d’expression en Suède, et c’est ça dont il est question, point final. »
Le prix Tucholsky 2019 a été décerné à Gui Minhai, un libraire-éditeur de Hong Kong devenu citoyen suédois et qui publie des livres sur la politique chinoise. Il a été arrêté alors qu’il se rendait à Beijing en compagnie de diplomates suédois. Le prix porte le nom de l’écrivain allemand Kurt Tucholsky qui avait fui l’Allemagne nazie dans les années 1930 pour se réfugier en Suède. Il est décerné à un auteur ou à un éditeur faisant l’objet de persécution.
Allemagne

En août, le Parti communiste chinois a menacé d’interdire à une délégation allemande de se rendre en Chine, apparemment parce qu’une de ses membres avait critiqué la répression des musulmans ouïgours par Beijing. Bien que les députés du Bundestag obtiennent souvent des visas pour la Chine, la demande de cette parlementaire a été rejetée à maintes reprises.
« C’est une atteinte aux droits d’un parlement librement élu, une atteinte que le Bundestag allemand ne saurait tolérer », a souligné la députée Margarete Bause* au service de presse allemand Deutsche Welle.
En 2018, le PCC avait déjà demandé à Mme Bause de mettre fin à un débat parlementaire sur l’internement des Ouïgours par Beijing. Une demande qu’elle avait simplement rejetée.
Royaume-Uni
En août 2017, l’organe des Presses universitaires de Cambridge (Cambridge University Press) a republié quelque 300 articles sur le site web de sa maison d’édition en Chine, qu’il avait retirés après avoir été menacé par Beijing d’interdiction de toutes ses revues dans le pays.
La plupart de ces articles portaient sur les manifestations de Tiananmen, la Révolution culturelle, le Tibet, le Xinjiang, Hong Kong et Taïwan, a indiqué le rédacteur en chef de The China Quarterly, Tim Pringle, dans un courrier électronique au comité de rédaction.
La republication des articles faisait suite à une pétition, circulée parmi les membres de l’enseignement supérieur, appelant la presse universitaire à rejeter les demandes de censure du gouvernement chinois, écrit l’Associated Press. « Je suis ravi du soutien de la communauté universitaire internationale », a déclaré M. Pringle en août.

*en anglais