Face aux résultats scolaires médiocres, la solution paraît évidente : il n’y a qu’à donner aux élèves les livres et les fournitures dont ils ont besoin.

Mais Michael Kremer, ancien professeur d’économie au Massachusetts Institute of Technology, décide d’en avoir le cœur net : l’accès aux manuels scolaires améliore-t-il ou non la performance des élèves ? Pour le savoir, il divise des écoles au Kenya en deux groupes, selon que les élèves ont reçu des manuels ou non. Or à sa grande surprise, des années plus tard, il ne constate aucune amélioration chez les premiers par rapport aux seconds.

Il pense alors à un autre facteur. Six cent millions d’enfants * au monde sont infectés par des vers, avec le cortège de conséquences qu’on connaît : mauvaise absorption des nutriments, anémie, maux de ventre, retards de croissance. Et si un traitement vermifuge se révélait plus utile que les manuels pour améliorer les résultats scolaires ?

Il met sa nouvelle théorie à l’épreuve. Cette fois, pas de doute : les élèves infectés à qui on administre un traitement vermifuge obtiennent de meilleures notes – et ils gagnent plus d’argent aussi une fois qu’ils ont quitté les bancs de l’école. Coût du comprimé : 0,49 dollar. Un manuel scolaire va chercher jusqu’à 2 ou 3 dollars.

Déterminé à généraliser ce traitement, Michael Kremer a créé l’association Deworm the World*, qui mobilise des fonds à l’appui de stratégies de réduction de la pauvreté ayant fait leurs preuves. On estime à 40 millions le nombre d’enfants, dans 27 pays, qui ont ainsi pu bénéficier d’un traitement vermifuge.

Vous avez une idée pour résoudre un problème dans votre ville ou votre pays ? Suivez les conseils de Michael Kremer :

  • Testez votre idée. Données et preuves à l’appui, vous aurez plus de chances de faire des adeptes.

  • Pensez au facteur coût. La solution la plus onéreuse n’est pas forcément la meilleure.

  • Ne cherchez pas midi à 14 heures. Ce sont les solutions simples qui donnent aux gens les moyens d’agir.

*en anglais