
L’extermination par la faim en Ukraine dans les années 1930 : l’une des pires atrocités du XXe siècle et l’un des chapitres les plus tragiques de l’histoire de ce pays.
L’Holodomor, comme l’appellent les Ukrainiens, est l’aboutissement d’une grande famine orchestrée par Joseph Staline. Une famine qui a tué entre 3 et 7 millions de personnes* dans la période 1932-33. Pendant de longues années, pourtant, la répression et les privations qui ont coûté la vie à près d’un Ukrainien sur cinq sont restées largement méconnues en dehors de l’Union soviétique.

La publication en 1986 de l’ouvrage Harvest of Sorrow (Sanglantes moissons), sous la plume de Robert Conquest, a changé la donne. Célèbre pour ses recherches sur l’Holodomor, l’historien aujourd’hui décédé y détaille minutieusement les crimes commis par Staline contre la paysannerie soviétique, y compris en Ukraine.
Robert Conquest se fonde sur des témoignages d’émigrés, des données économiques et de recensement, et des informations de presse. L’ampleur de l’Holodomor saute aux yeux rien qu’au style de l’auteur. Il compare le territoire ukrainien et ses 40 millions d’habitants à un vaste Bergen-Belsen, le notoire camp de concentration dans l’Allemagne nazie. Quant à l’épaisseur imposante de son livre, il note que chaque lettre – non pas chaque mot, mais chaque lettre – correspond à la mort d’une vingtaine de personnes dans les faits qu’il détaille.
La genèse de l’Holodomor
En 1929, Staline lance une campagne de répression politique – marquée par des arrestations, des déportations et des exécutions – contre des millions de paysans relativement bien lotis, à travers toute l’Union soviétique. Dans le même temps, il procède à la collectivisation des terres. Le droit à la propriété ainsi aboli, les paysans qui restent sont contraints de trimer dans des fermes d’État.
La famine en Ukraine s’installe en 1932, suite à la mise en place des premières mesures de collectivisation. Devant la résistance inattendue de la paysannerie ukrainienne, Staline décide d’accroître la part de la production céréalière due à l’État à un niveau qui n’est pas réaliste. Souvent, les paysans qui résistent ou refusent de se soumettre à ses ordres se font arrêter ou voient leur maison détruite.

« L’Ukraine est délibérément prise pour cible par Staline et on lui fait porter la responsabilité de la crise générale » de la politique du dirigeant soviétique, commente l’historien et auteur américain Timothy Snyder dans un entretien accordé à ShareAmerica. « L’Ukraine est donc en butte à des mesures particulières (…), telles la fermeture des frontières, la saisie des semences qu’il faudrait planter pour avoir des récoltes l’année suivante, etc. » Le bilan est catastrophique : un nombre considérable d’Ukrainiens meurent de faim.
L’Holodomor prend fin à l’automne 1933 : Staline est alors convaincu qu’il est venu à bout des Ukrainiens, et il les autorise enfin à conserver une petite partie de ce qu’ils cultivent.
Devoir de mémoire

Le 4 août, le monument à la mémoire des victimes de l’Holodomor* a été installé à Washington, près du Capitole. Un hommage rendu aux millions de victimes innocentes qui ont péri pendant la grande famine en Ukraine orchestrée par Staline. Ce monument doit être inauguré le 7 novembre.
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*en anglais