Le Programme d’action de Beijing, créé lors d’une conférence des Nations unies en 1995, établit un plan d’action pour développer les moyens d’action des femmes. Cette série de ShareAmerica explore 12 sujets de préoccupation identifiés lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. L’article d’aujourd’hui traite de l’impact des conflits armés sur les femmes.

De nos jours, les conflits sont essentiellement des guerres civiles qui ont lieu dans des pays en développement. Leurs principales victimes ? À 90 %, des civils, dont beaucoup de femmes et d’enfants.
La guerre n’épargne pas les femmes et les filles : comme les hommes, elles sont tuées, blessées, mutilées, torturées. Elles sont chassées de leurs foyers et privées de nourriture et d’autres ressources. Elles peuvent être embrigadées de force dans des forces armées ou des groupes d’insurgés. Elles prennent soin des blessés et des malades. Dans bien des conflits, le viol est une arme de guerre, et les femmes et les filles sont des cibles de choix. Témoins et victimes de violences, de la perte d’êtres chers et de la destruction de leurs biens, elles subissent des traumatismes profonds. Les répercussions psychologiques et physiques peuvent persister bien après la fin du conflit.

Des conséquences durables
Les répercussions des conflits armés sur les femmes et les filles sont exacerbées par leur vulnérabilité dans la société. Des études l’ont démontré : l’effondrement de l’ordre social les affecte plus que les hommes, en particulier dans les États en proie aux conflits ethniques et où tout va à vau-l’eau. Parce qu’elles enfantent « l’ennemi », les femmes sont des cibles de choix, exploitées à cause de leurs responsabilités maternelles. L’arme de la violence sexuelle (viols, mariages forcés, traite) est souvent maniée pour affaiblir l’adversaire.

Instruments de guerre et facteurs de paix
Mais les femmes et les filles ne sont pas que des victimes. Confrontées à la violence, elles savent jouer un rôle actif et se mobiliser. Au point même de prendre les armes ou de soutenir la violence perpétrée par d’autres : luttes pour la libération, résistance à l’occupation, militantisme pour atteindre des objectifs politiques, religieux ou économiques qui ne font pas l’unanimité.
Souvent, les femmes et les filles participent activement aux processus de paix avant, pendant et après un conflit. Elles fédèrent leurs énergies à l’échelon local pour reconstruire le tissu économique, politique, social et culturel de leur société. Pendant la guerre des Balkans, dans les années 1990, des femmes se sont regroupées pour revendiquer ensemble la paix. De leur action est né le réseau Women in Black*, aujourd’hui d’envergure internationale. Au Liberia, quatorze années de guerre civile ont incité les femmes à organiser un mouvement en faveur de la paix, et grâce à cette action de nouvelles perspectives sont aujourd’hui ouvertes aux femmes et aux filles. Et pourtant : les processus de paix n’accordent souvent qu’un rôle accessoire aux femmes. Même celles qui s’emploient avec acharnement à reconstruire l’économie locale et la société civile se retrouvent sur la touche.

Progrès en matière de relations de genre après un conflit
La fin d’un conflit armé peut transformer les relations de genre. Quand l’homme est parti à la guerre, la femme peut se trouver obligée d’acquérir de nouvelles compétences et d’assumer de nouvelles responsabilités, ce qui rehausse son statut dans la société. Mais dans les sociétés caractérisées par de profondes inégalités entre les hommes et les femmes avant le conflit, les abus dont sont victimes les femmes risquent fort d’empirer une fois qu’il aura éclaté.
La communauté internationale porte une attention accrue à la situation des femmes et des filles en temps de guerre*. Elle s’attache en particulier à favoriser leur participation aux processus de paix et à la reconstruction de sociétés meurtries.

Zainab Salbi, Américaine d’origine irakienne, a fondé l’organisation Women for Women International* pour aider les femmes à se refaire une vie quand elles ont été traumatisées par la guerre. Formation professionnelle, soins de santé, sensibilisation à leurs droits : elle pense à tout cela. « Comme la vie, la paix commence avec la femme. Nous sommes les premières à forger des alliances et des axes de collaboration par-delà les clivages des conflits », affirme-t-elle.