Conseil d’Ibtihaj Muhammad : ne laissez personne définir qui vous êtes [vidéo]

Ibtihaj est l’une des meilleures sabreuses du monde et c’est en cette qualité qu’elle enfilera son masque d’escrime, par-dessus son hijab, aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro.

« Je me souviens des fois où on m’a dit que je n’étais pas à ma place dans ce sport parce que j’étais noire ou musulmane », raconte Ibtihaj Muhammad.

Dans la discipline du sabre, l’escrimeur vise toute la partie du corps située au dessus de la ceinture de son adversaire, avec une arme dont la lame a été recroquevillée à l’extrémité pour ne pas être dangereuse. Des trois types d’armes utilisées dans l’escrime, « le sabre est la plus rapide », explique Ibtihaj Muhammad. « C’est ce qui se rapproche le plus de “Zorro” », plaisante-t-elle en faisant référence au justicier masqué qui combat l’injustice à la pointe de l’épée, dans les romans ou à l’écran.

Née à Maplewood dans le New Jersey, Ibtihaj Muhammad a toujours aimé remettre en question les préjugés.

Au lycée, elle s’inscrit au cours de Peter Westbrook, champion olympique créateur d’une fondation ouverte aux jeunes des quartiers pauvres de New York. « Quand je suis allée à la fondation, j’ai vu non seulement des gens qui me ressemblaient, mais aussi des Olympiens dans la salle », se souvient-elle.

L’entraînement avec les coachs de la fondation Peter Westbrook lui a donné confiance en elle. Elle est devenue l’une des meilleures escrimeuses de niveau universitaire. Mais quand elle a envisagé de faire partie de l’équipe olympique féminine des États-Unis, elle s’est aperçue de son manque de diversité. C’est ce qui l’a justement motivée. « Je me suis dit : “tu sais quoi, je vais me battre pour cette équipe parce que je veux la changer”. »

Victime d’une rupture du ligament de la main en 2012, elle manque la qualification pour les JO de Londres. Mais cette année, elle a décroché une médaille lors de la Coupe du monde organisée par la fédération internationale d’escrime, à Athènes. Résultat : elle gagne sa place pour Rio et devient la première sportive américaine qui disputera des JO avec un hijab.

Muhammad commence l’escrime à 13 ans, sur les conseils de sa mère. Elle peut pratiquer la discipline sans modifier sa tenue, ce qui la complexe quand elle participe à d’autres sports.

Voilà à quoi ressemble l’entraînement pendant le ramadan…

Même après sa déception de 2012, Muhammad dit avoir su prendre du recul. « Ma foi est une part très importante de ma personnalité et elle m’aide à garder les pieds sur terre. »

Parmi ses fans, elle compte des gens très connus. Barack Obama a parlé d’elle lors de sa visite dans une mosquée de Baltimore et il lui a demandé de « ramener la médaille d’or ». Pas de pression !

La Première dame Michelle Obama est même devenue l’élève de Muhammad le temps d’un après-midi d’escrime lors d’une visite à New York en avril.

Tout est possible quand on travaille dur et qu’on persévère.

Dans le monde entier, de plus en plus de musulmanes participent aux Jeux olympiques. Une tendance qui est là pour durer*, affirme Fatima Adwan de la Fatima Bint Mubarak Ladies Sports Academy d’Abou Dhabi. « Le message qu’on veut faire passer, c’est qu’on n’a pas à renier sa culture pour faire du sport. »

Actuellement, Ibtihaj Muhammad enseigne à la fondation Peter Westbrook. Elle espère transmettre aux jeunes le même sentiment d’appartenance que celui qu’elle a éprouvé lors de son premier jour dans la salle d’escrime.

« Je voudrais simplement dire aux jeunes du monde entier qu’ils ne doivent pas laisser les préjugés liés à leur couleur de peau, leur sexe, leur ethnicité définir leur identité ni dicter leur parcours. Ils peuvent tout faire, si c’est ce qu’ils ont décidé. »

N’hésitez pas à suivre Ibtihaj Muhammad sur Twitter à @IbtihajMuhammad, et les matchs d’escrime pendant les JO du 6 au 14 août !

*en anglais

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