Une personne debout près d’un entrepôt agricole en partie détruit (© Libkos/AP)
Lors de son intervention aux Nations unies, le secrétaire d’État Antony Blinken a déclaré que les conflits étaient les principaux responsables de l’insécurité alimentaire. Ci-dessus, une personne dresse l’état des lieux d’un entrepôt agricole ukrainien détruit par les forces russes le 21 juillet. (© Libkos/AP)

Les États-Unis vont fournir 362 millions de dollars d’aide supplémentaire à une douzaine de pays, à l’heure où le monde endure une crise alimentaire aggravée par les conflits qui frappent plusieurs pays.

Le secrétaire d’État Antony Blinken a annoncé le nouveau financement aux Nations unies, le 3 août, précisant que cette aide permettra de faire parvenir en urgence des denrées alimentaires aux femmes enceintes dans 11 pays africains et en Haïti. Il a également appelé instamment les pays à travailler ensemble pour traiter les causes profondes de la crise alimentaire mondiale.

« La faim et les conflits sont inexorablement liés », a déclaré le chef de la diplomatie américaine lors d’un débat public au Conseil de sécurité de l’ONU sur la famine et l’insécurité alimentaire provoquée par les conflits. La rareté des ressources accentue les tensions, et les belligérants font des denrées alimentaires une arme, a-t-il ajouté. « En effet, les conflits sont le principal moteur de l’insécurité alimentaire, et la violence et les troubles ont fait basculer 117 millions de personnes dans une situation d’extrême privation l’année dernière. »

Face à la crise alimentaire mondiale, les États-Unis ont fourni une aide à hauteur de plus de 17,5 milliards de dollars depuis janvier 2021. Mais Antony Blinken a exhorté les gouvernements, le secteur privé et les autres donateurs à « faire plus » pour répondre aux besoins immédiats liés à la sécurité alimentaire ainsi qu’aux demandes croissantes d’une population mondiale qui pourrait atteindre 10 milliards d’habitants d’ici à 2050*.

Antony Blinken a mentionné les conflits en Birmanie et au Yémen, qui engendrent une situation de sous-alimentation grave au sein des populations. Il a signalé que si le monde n’agit pas, le Burkina Faso, le Soudan du Sud et la Somalie pourraient bientôt être confrontés à la famine.

Le secrétaire d’État américain a également mis en avant d’autres facteurs qui contribuent grandement, selon lui, à la crise alimentaire, à savoir la guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine, le retrait des Russes de l’Initiative céréalière de la mer Noire et leurs récentes attaques contre des ports et des entrepôts de denrées alimentaires ukrainiens.

En outre, Antony Blinken a exhorté les pays à emboîter le pas aux nations qui appellent la Russie à rejoindre l’accord céréalier de la mer Noire. En effet, grâce à cette initiative, plus de 32 millions de tonnes de produits agricoles ukrainiens ont pu être acheminés dans le monde entier, y compris dans des pays frappés par l’insécurité alimentaire, tels que le Yémen, l’Éthiopie, la Somalie et l’Afghanistan. Mais en juillet, la Russie a quitté cet accord qui avait permis d’exporter suffisamment de blé pour produire 18 milliards de pains.

« Chaque membre de ce conseil, chaque membre des Nations unies, devrait dire à Moscou : ça suffit ; assez de chantage autour de la mer Noire ; assez de prises en otage des personnes les plus vulnérables du monde », a martelé Antony Blinken.

Par ailleurs, les États-Unis œuvrent en faveur de systèmes alimentaires plus résilients face au changement climatique. En juillet, ils ont approuvé une enveloppe de 100 millions de dollars destinée au programme VACS (Vision for Adapted Crops and Soils). Il s’agit d’un partenariat visant à promouvoir en Afrique des terres de qualité, fertiles, capables de retenir l’eau et de produire les nutriments essentiels aux cultures, même dans des conditions de sécheresse.

Le VACS s’associe également à des partenaires internationaux pour identifier des espèces endémiques qui résistent face au changement climatique, et sélectionner et développer ces cultures en vue d’une production à plus grande échelle. « Cet accent mis sur la qualité des semences et la qualité du sol peut avoir un impact considérable sur la productivité agricole durable dans toute l’Afrique », a indiqué Antony Blinken.

« Les États-Unis continueront de faire leur part du travail, mais il s’agit par définition d’un défi mondial qui fait appel à des ressources mondiales », a souligné Antony Blinken. « Et nous nous tournerons vers les gouvernements, les entreprises, les philanthropies, pour nous aider à continuer à améliorer la nutrition et à investir dans des systèmes alimentaires durables et résilients. »

 

*en anglais