La liberté d’expression des Cubains, des Nicaraguayens et des Vénézuéliens est mise à mal par leur gouvernement.

« La liberté d’expression est un droit de la personne », a souligné le secrétaire d’État Michael Pompeo dans un tweet du 24 novembre*. « Les États-Unis sont solidaires avec le peuple cubain. »

À Cuba, le régime Castro a arrêté le musicien Denis Solis Gonzalez, le 9 novembre, puis l’a condamné à huit mois de prison trois jours plus tard, ce qui a provoqué des manifestations à La Havane. Solis était un membre au franc-parler du mouvement San Isidro, un groupe d’artistes et de militants qui protestent contre l’oppression exercée par le gouvernement cubain contre la liberté d’expression.

Qu’était-il reproché à Solis ? Le fait qu’il critique les policiers cubains qui étaient entrés chez lui sans permission et qu’il publie une vidéo de l’incident sur les réseaux sociaux.

Des centaines de personnalités de la culture, dont des peintres, des acteurs, des musiciens et des conservateurs d’expos, se sont mobilisées en solidarité avec le mouvement San Isidro pour contester l’arrestation de Solis et appeler au respect de la liberté d’expression.

Fait exceptionnel, le gouvernement cubain a accepté de rencontrer plusieurs militants du mouvement San Isidro en promettant un dialogue ouvert et une plus grande tolérance.

Des gens assis et d’autres debout devant l’enceinte d’un grand bâtiment (© Ismael Francisco/AP Images)
Des artistes manifestent devant le ministère de la Culture à La Havane, le 27 novembre. (© Ismael Francisco/AP Images)

Cependant, une fois les discussions terminées et les manifestants rentrés chez eux, le régime cubain est revenu sur ses promesses et, en l’espace de quelques heures, a lancé une série d’attaques médiatiques contre les manifestants.

Reuters relate qu’une chaîne de télévision cubaine contrôlée par le gouvernement a diffusé un réquisitoire de 90 minutes* contre Solis et d’autres artistes et militants.

Pour cacher sa répression, le gouvernement cubain a bloqué l’accès à internet. Il a arrêté arbitrairement des manifestants. Il a fait subir des interrogatoires aux partisans du mouvement San Isidro et les a menacés. Et il a lancé des attaques médiatiques calomnieuses contre ceux qui demandent plus de liberté. À travers le monde, des artistes et des groupes de la société civile ont organisé des manifestations de solidarité pour amplifier les voix des membres de la communauté culturelle opprimée de Cuba et ils ont dénoncé la répression exercée par le gouvernement cubain, un piètre représentant du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

Au Nicaragua, une loi sur les « cyber-crimes »* est entrée en vigueur en octobre. Elle prévoit d’infliger des peines de prison à ceux qui utilisent les plateformes en ligne pour « diffuser de fausses informations ou des informations qui pourraient alarmer la population ». Pour les groupes de défense des droits de l’homme, cette loi porte atteinte à la liberté d’expression et à la liberté de la presse.

Par ailleurs, l’assemblée nationale nicaraguayenne étudie un amendement à la Constitution proposé par le président Daniel Ortega portant sur les « crimes de haine ».

S’il est adopté, cet amendement permettrait aux autorités de condamner à la perpétuité toute personne considérée comme ayant commis des « crimes de haine ».

Lorsqu’il a proposé l’amendement en septembre, Ortega a clairement signalé que les condamnations à la prison à vie pour ces soi-disant crimes de haine s’appliqueraient tout particulièrement à ses opposants et aux manifestants étudiants.

« Ils se sentent intouchables parce qu’ils ont bénéficié d’une amnistie », a déclaré Ortega, qui faisait référence ici aux amnisties accordées en juin 2019 à des manifestants ainsi qu’aux forces de l’ordre accusées de violences et d’exécutions extrajudiciaires. « Eh bien, vous allez voir, ils ont déjà eu la chance d’être amnistiés, mais il n’y aura pas d’autre amnistie. »

En 2018, la police d’Ortega a arrêté plus de 700 personnes, principalement des étudiants, qui manifestaient contre son régime. Aujourd’hui, le régime détient encore plus de 100 prisonniers politiques.

Des gens accroupis et debout, rassemblés autour d’appareils photo, de pancartes et de fleurs posés au sol (© Alfredo Zuniga/AP Images)
La communauté journalistique organise un mémorial à Managua, au Nicaragua, le 26 avril 2018, en hommage au journaliste Angel Gahona, assassiné cinq jours plus tôt pendant qu’il couvrait des manifestations anti-gouvernementales. La phrase écrite au sol signifie : « La vérité n’est pas assassinée par l’assassinat de journalistes. » (© Alfredo Zuniga/AP Images)

« Ce sont des enfants du diable, ce sont des enfants de haine et ils sont pleins de haine, ils sont remplis de haine », a lancé Ortega à leur sujet.

Avec l’amendement d’Ortega, les Nicaraguayens risquent à présent la prison à vie pour avoir exprimé de telles opinions politiques.

Enfin, au Venezuela, le régime illégitime de Maduro continue de détenir des journalistes qui s’expriment contre lui.

Des personnes au visage couvert, en train d’aider un photographe dans une rue, avec de la fumée en arrière-plan (© Ariana Cubillos/AP Images)
Des manifestants aident un journaliste blessé à la jambe alors qu’il couvrait des affrontements entre des manifestants et la Garde nationale bolivarienne lors d’un rassemblement à Caracas, le 10 avril 2017. (© Ariana Cubillos/AP Images)

La députée à l’Assemblée nationale vénézuélienne Maria Concepcion Mulino a indiqué que plus de 700 cas documentés d’attaques contre des journalistes et leurs publications avaient eu lieu au cours de l’année écoulée.

« La violence contre les journalistes n’est pas sanctionnée au Venezuela* », a déclaré aux médias Carlos Correa, le président de l’ONG Espacio Publico. « Quand un policier frappe un journaliste dans la rue, aucun responsable ne le remet en question ni ne le condamne. C’est de l’intimidation permanente. »

 

* en anglais