Ingénieur et informaticien sorti des rangs du MIT, Sal Khan a un don particulier pour expliquer les maths et les sciences. En 2004, il a commencé à aider sa cousine de 12 ans – qui habitait à plus de 2 000 km de chez lui – à comprendre l’algèbre grâce à un outil de dessin en ligne.
Sa voix chaleureuse et ses croquis multicolores et animés n’ont pas tardé à produire l’effet voulu. Et, plus tard, les vidéos que Khan a publiées sur YouTube ont attiré le public par dizaines de millions.

Maintenant, Khan s’est attelé à une tâche plus difficile : imaginer une autre façon d’enseigner aux enfants dans les écoles du monde réel.
L’école privée expérimentale Khan, à Mountain View (Californie), sert de terrain d’essai à l’approche d’enseignement inhabituelle de la Khan Academy. Quatre-vingt-quinze enfants de 5 à 14 ans y passent 9 heures et demie par jour, pendant une année scolaire plus longue que la normale. Ce sont eux qui déterminent leurs propres objectifs et rythmes d’apprentissage. Il n’y a ni notes ni devoirs. À la place : beaucoup de travaux collectifs, des plages de temps consacrées à l’utilisation d’ordinateurs portables ainsi que des séances de travail en petits groupes ou individuelles avec des enseignants.

Il ne s’agit pas d’une structure de classe à plusieurs niveaux, comme on l’entend dire parfois. Les élèves les plus jeunes et les plus âgés sont dans deux grandes salles séparées, avec des espaces divisés où les écoliers travaillent sur des projets et bénéficient d’un accompagnement personnel de la part d’enseignants.
« Aucun des enfants n’est en difficulté. Ils s’épanouissent » et progressent à leur rythme dans l’acquisition des savoirs et des outils qui les aideront dans la vie : savoir travailler en équipe, ne pas se laisser abattre, avoir de la persévérance, explique le directeur de l’école, Dominic Liechti.
Junaid Qurashi raconte dans un entretien avec la Voix de l’Amérique que ses deux filles « adorent aller à l’école (…) à tel point qu’on se demande pourquoi elles rentrent à la maison si contentes de leur journée. Est-ce qu’elles apprennent quoi que ce soit ? »
« On choisit ce qu’on veut apprendre. Ce n’est pas l’enseignant qui distribue des feuilles d’exercices et nous dit quoi faire. C’est nous qui déterminons nos propres objectifs », fait remarquer Holly Thompson, 9 ans.
Les élèves sont évalués par des « commentaires explicites », et non pas avec des notes chiffrées ou alphabétiques, explique le directeur. « Quand ils ont maîtrisé un contenu, ils passent au niveau suivant. »
Nous avons toutefois des points de référence. Les élèves passent régulièrement un examen national standardisé.
Cet automne, l’école ouvrira une classe de troisième. Et à un peu plus long terme, Dominic Liechti espère délivrer des diplômes de baccalauréat international.

Dominic Liechti, qui est suisse, espère former d’autres instructeurs à adopter des méthodes d’enseignement personnalisées dans leurs salles de classes et leurs écoles.
Fidèle à elle-même, l’école prévoit aussi de produire des vidéos sur ses méthodes d’enseignement.
Toutes les photos ont été offertes par Khan Lab School.