Des femmes assises sur le sol, tenant une affiche en tissu bleu imprimée de texte relatif au système Bhungroo (© Naireeta Services)
Ces agricultrices de l’État indien du Gujarat, prises en photo en 2018, ont appris à conserver les eaux pluviales pour irriguer leurs terres à l’aide d’un système appelé Bhungroo. (© Naireeta Services)

Dans une ferme, l’eau peut avoir des effets aussi destructeurs que la sécheresse si elle est présente en trop grande quantité. C’est pourquoi l’innovateur indien Biplab Ketan Paul a conçu, avec le soutien des États-Unis, un système qui permet de retirer l’excès d’eau des champs et de la stocker sous terre pour l’irrigation en temps sec.

« Personne n’avait de solution aussi bien face aux inondations qu’aux sécheresses », a fait remarquer M. Paul lors d’un récent entretien avec ShareAmerica.

L’idée de son invention lui est venue lors d’une visite d’une usine de traitement d’eau potable à Miami, en 2004, alors qu’il participait au Programme de leadership des visiteurs internationaux (IVLP)* du département d’État des États-Unis. Il cherchait depuis des années un moyen d’améliorer les services d’eau pour les populations pauvres des zones rurales en Inde. En 2005, il a inventé Bhungroo, une technologie dont le nom, en gujarati, signifie « paille » ou « tuyau creux », comme celui utilisé dans le système Bhungroo de filtration et de stockage de l’eau sous terre.

Les efforts de M. Paul prennent pied dans sa croyance au principe d’antyodaya de Gandhi, selon lequel il faut, pour améliorer une société, aider les plus démunis de la meilleure façon possible.

Un homme dans un grand trou creusé dans la terre et rempli en partie d’eau (© Naireeta Services)
Au Ghana, des ouvriers se forment à l’installation du système Bhungroo, en 2019. (© Naireeta Services)

Avec sa femme Trupti Jain, également ancienne participante au programme IVLP, M. Paul a fondé Naireeta Services* en 2011. Cette entreprise sociale enseigne aux agriculteurs l’utilisation de la technologie Bhungroo ou d’autres procédés servant à préserver les eaux pluviales pour l’irrigation.

Mme Jain a concentré les efforts de Naireeta sur les agricultrices afin de les aider à devenir autonomes. Pendant sa participation au programme Fulbright*, le programme d’échange universitaire international phare du gouvernement américain, Mme Jain a pu échanger des idées avec des étudiants du monde entier sur les problèmes relatifs à l’eau et d’autres défis climatiques.

M. Paul rapporte que depuis la création de Naireeta, près de 20 000 agriculteurs ont bénéficié du système Bhungroo en Inde, au Bangladesh, au Vietnam et au Ghana.

Mais les besoins restent immenses, surtout depuis l’arrivée de la COVID-19. La pandémie mondiale a obligé les gens à rester chez eux et a perturbé les chaînes d’approvisionnement, ce qui a fait grimper la demande en eau et en nourriture. L’entreprise Naireeta a commencé à étendre ses activités en dehors de l’Inde en 2014, mais ses efforts dans ce sens se sont intensifiés après la levée des restrictions de voyage liées à la COVID.

À l’heure où les économies se remettent de la pandémie, Naireeta et un autre organisme à but non lucratif, le Sustainable Green Initiatives Forum, établissent de nouveaux partenariats en Inde, en Asie du Sud-Est, en Asie de l’Est et en Afrique dans le but d’améliorer la gestion des eaux pluviales pour environ 150 000 agriculteurs, explique M. Paul.

Au Bangladesh, par exemple, plus de 200 agriculteurs ont déjà été formés à l’utilisation du système Bhungroo ou à d’autres procédés de réutilisation des eaux pluviales. Et il est prévu d’en former beaucoup plus dans ce pays.

L’expansion vers l’Afrique

Grâce à un partenariat avec le programme de développement rural Women Feed Africa, ce sont maintenant les agriculteurs des climats chauds et secs de l’Afrique subsaharienne qui se forment à la technologie Bhungroo et à d’autres techniques d’irrigation.

Selon les Nations unies, la préservation des eaux pluviales au moyen du système Bhungroo permet aux populations de cultiver leurs terres pendant plus de la moitié de l’année*, ce qui augmente les revenus des familles. La technologie réduit également la désertification, renforce la résilience au changement climatique et revivifie la biodiversité.

Un agriculteur apprend la gestion des eaux pluviales dans le nord du Ghana, l’un des nombreux pays où Naireeta Services améliore l’accès à l’eau. (© Naireeta Services)
Un homme à genoux dans un champ près d’un récipient métallique rempli d’eau, de bidons en plastique, d’un marteau et de morceaux de bois posés sur le sol (© Naireeta Services)

M. Paul souligne que c’est grâce aux formations et aux présentations offertes par le gouvernement américain que sa femme et lui ont pu étendre les activités de Naireeta et, de fait, apporter davantage d’améliorations aux systèmes d’irrigation dans le monde. Par ailleurs, M. Paul est diplômé du programme Securing Water for Food (SWFF) de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Le SWFF a été lancé pour donner un coup de pouce aux innovations visant l’amélioration de l’accès à l’eau et de la production alimentaire.

Bien que le SWFF ait pris fin en 2020, l’USAID et d’autres agences partenaires en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède et dans l’Union européenne continuent de soutenir l’agriculture durable par le biais du Water and Energy for Food Challenge*.

En outre, les programmes du gouvernement américain ont aidé Naireeta à mettre en place des procédures pour lancer des projets dans différents pays, réaliser des analyses de marché, former de nouveaux partenaires et évaluer le succès de ses activités.

« Vos cultures de mousson sont-elles protégées contre l’hydromorphie et les inondations, et êtes-vous en mesure d’obtenir une récolte d’hiver ? », demande M. Paul en parlant des objectifs que Naireeta cherche à atteindre pour chaque agriculteur. « Si oui, alors on a gagné. »

 

*en anglais