
Voici le premier de deux articles sur la place des activités scolaires dans la vie des collectivités à travers les États-Unis. Le second article portera sur le football américain.
Si vous vous retrouvez par hasard un vendredi soir d’automne sur la belle avenue Sunnyside bordée d’arbres de South Bend, dans l’Indiana, une heure environ avant le coucher du soleil, alors on peut dire que vous êtes au bon endroit, au bon moment. Restez sur le trottoir et tendez l’oreille. Rapidement, le bruit sourd des tambours au loin vous confirmera que la saison de football américain du lycée a commencé, et que la fanfare est en route.
En l’espace de quelques instants, tout le voisinage est au courant. Les enfants sortent des maisons en trombe, sans prendre le temps de terminer leurs assiettes. De gros chiens tirent sur leur laisse, entraînant leurs maîtres, et les personnes âgées du voisinage mettent le nez dehors pour regarder passer la fanfare dans laquelle jouaient leurs propres enfants il y a de cela bien longtemps. La mélodie des cuivres qui s’élève au-dessus des battements de tambours émeut presque toutes les familles de Sunnyside.
À un peu plus d’un kilomètre de là, la fanfare a commencé sa traditionnelle marche, qui débute au lycée John Adams et passe par les rues du voisinage pour se terminer sur le terrain de sport, le « terrain de l’école », comme l’appellent les habitants depuis longtemps. Tout au long du chemin, les enfants se réservent les meilleures places le long du trottoir.

Le son des cors, en harmonie, et des tambours, parfaitement à l’unisson, se fait entendre de plus en plus fort. Avant même que les pommes de terre aient le temps de refroidir dans les assiettes, les premiers musiciens tournent au coin de la rue. Les adultes interrompent leurs conversations, et les jeunes enfants, dans les bras de leurs parents, regardent le spectacle avec enthousiasme.
Les membres de la fanfare, en uniforme, avancent vers nous en jouant. Leurs chaussures noires sont sobres, et leurs pantalons de couleur bleu marine sont superbement ajustés. Les rebords de leurs chapeaux ronds sont impeccables et leurs vestes d’un rouge vif aux épaulettes bleues sont ceinturées d’une écharpe en bandoulière.
Les instruments sont regroupés par catégories et les musiciens avancent en rangs. Les joueurs d’instruments à vent ont le sens du sacrifice : ils se lèvent tôt chaque matin pour se rendre aux répétitions, tout en sachant que leurs flûtes et leurs clarinettes ne seront jamais les vedettes de la fanfare. Ils sont suivis par des rangées de trompettes et de trombones fiers et étincelants. Puis, vient le tour du tuba au pavillon gigantesque, dont s’échappent les notes basses, et de la caisse claire, dont le son sec rappelle le crépitement des pétards. Les porteurs de drapeaux font tourbillonner dans l’air des blasons aux couleurs vives.
La foule sur les trottoirs tape des mains au rythme de la musique. De jeunes rêveurs, qui devront encore attendre quelques années avant d’entrer au lycée, suivent le défilé. La fanfare n’aura pas de difficulté à recruter les prochaines générations de musiciens ni à convaincre les parents de les conduire à leurs répétitions au petit matin.
La fanfare passe l’entrée du terrain de l’école au son des tambours. Ce soir, les partisans de John Adams occupent le côté sud des gradins. Leurs opposants, le côté nord. Comme tous les vrais amateurs de sports de ce monde, les élèves, debout, acclament leur équipe du début du match à la fin, même si les plus jeunes ne connaissent pas encore les règles du jeu.
Un ballon particulièrement bien lancé fend l’air comme un javelot. Un autre, retombé sur une extrémité, rebondit maladroitement. Jeu après jeu, dans leur uniforme gonflé par l’équipement qui les protège, les jeunes athlètes galopent et entrent brutalement en collision les uns avec les autres. Chaque fois qu’une équipe gagne des points, toute la foule présente dans les gradins clame sa joie ou son désarroi.
À la mi-temps, pendant que les athlètes se reposent, la fanfare fait son entrée sous les projecteurs du terrain. Des files de musiciens se déploient sur la droite et la gauche, tandis que les porte-drapeaux entourent la formation de magnifiques arcs de tissus colorés. Amplifiée par les tambours et les cuivres, la musique remplit le terrain de l’école et se fait entendre loin dans le voisinage, où de futurs trompettistes en pyjama l’écoutent sans aucun doute depuis la fenêtre de leur chambre à coucher.
Cet article a été écrit par le rédacteur Ken Smith.