« Des douleurs insupportables » dans les prisons iraniennes

Esmail Bakhshi se trouve toujours derrière les barreaux pour avoir dénoncé les tortures pratiquées dans les prisons d’Iran.

En novembre 2018, Esmail Bakhshi a été arrêté et sauvagement roué de coups par les forces iraniennes pour avoir participé à une manifestation en faveur des droits des travailleurs, à Ahwaz, une ville du sud de l’Iran. Pendant trois jours, il était incapable de bouger dans sa cellule d’isolement.

« Les douleurs étaient tellement insupportables que je n’arrivais pas à dormir », a-t-il confié dans un blog affiché en janvier sur les réseaux sociaux relatant les 25 jours qu’il a passés en prison. « Plusieurs semaines après ma remise en liberté, je ressens encore des douleurs intolérables dans mes côtes brisées, dans mon oreille gauche et dans mes testicules. »

Peu après la publication de son blog, Esmail Bakhshi a de nouveau été arrêté par les forces de sécurité iraniennes, selon une information fournie par le Centre pour les droits de l’Homme en Iran*. « Au lieu de punir ceux qui pratiquent la torture, les autorités iraniennes punissent au contraire ses victimes », a déclaré le directeur exécutif du groupe, Hadi Ghaemi.

Esmail Bakhshi est l’un des plus de 800 prisonniers politiques et prisonniers de conscience qui subissent régulièrement des tortures derrière les barreaux. Le Rapport sur les droits de l’Homme, publié tous les ans par le département d’État des États-Unis, s’appuie sur des preuves recueillies par de nombreuses organisations internationales de défense des droits de l’Homme. L’édition 2018 du rapport* fait état de tortures à grande échelle, de viols et d’autres conditions inhumaines dans les prisons iraniennes.

« Des tortures cruelles et prolongées »

Le Rapport 2018 sur les droits de l’Homme du département d’État cite les sections 209 et 2 de la prison d’Evin comme étant les lieux où des témoins disent avoir vu des membres du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) faire subir des tortures cruelles et prolongées à des opposants du régime iranien. Parmi leurs pratiques :

  • les menaces d’exécution ou de viol ;
  • la privation de sommeil ;
  • les chocs électriques et les brûlures ;
  • les passages à tabac sévères et répétés.

Une autre technique du CGRI est appelée le « lit-miracle » et consiste à ligoter les détenus à un cadre de lit, à les flageller et à les électrocuter jusqu’à qu’ils « passent aux aveux », note le rapport.

D’où provient ce « comportement bestial » ?

Des gardiens du pénitencier de Gharchak en Iran ont roué de coups 20 prisonnières avant de les enfermer dans des cellules d’isolement sans nourriture, sans chauffage et sans soins médicaux. Ce traitement a été infligé parce qu’elles avaient organisé une petite manifestation liée à leurs dates de remise en liberté, selon le Centre pour les droits de l’Homme en Iran*.

Parmi ces prisonnières, Elham Ahmadi, a reçu 148 coups de fouets pour avoir protesté contre les mauvaises conditions de détention. Elle fait partie des 208 membres de l’ordre des soufis Gonabadis condamnés à la prison pour avoir participé à une manifestation en 2018.

« Est-ce vraiment nécessaire de lâcher les gardiens et d’utiliser du gaz lacrymogène dans un endroit clos et mettre en danger la vie des prisonnières pour une petite manifestation à la prison de Gharchak ?, a demandé sur Twitter** la journaliste iranienne Mahtab Gholizadeh. « D’où vient ce comportement bestial et cruel ? »

 

*en anglais

**en persan