Des intellectuels iraniens reprochent au régime la « catastrophe » du COVID-19

Des personnes munies de masques et de combinaisons de protection transportant sur une civière un corps enveloppé dans un drap blanc (© Ebrahim Noroozi/AP Images)
Des personnes munies de masques et de combinaisons de protection transportent le corps d’une victime du COVID-19 dans un cimetière des faubourgs de Téhéran, le 30 mars. (© Ebrahim Noroozi/AP Images)

Des intellectuels iraniens accusent le Guide suprême Ali Khamenei d’avoir étouffé la diffusion des informations relatives au COVID-19 et refusé l’aide étrangère, ce qui a permis à l’épidémie au sein du pays d’enfler au point de devenir une « catastrophe nationale ».

Dans une lettre du 29 mars, dont l’Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (MEMRI) publie des extraits, 100 intellectuels traitent Khamenei* de « coupable numéro un », et l’accusent d’avoir laissé la porte grande ouverte au COVID-19. Aujourd’hui, le coronavirus infecte un Iranien chaque minute et en tue un toutes les 10 minutes, dénoncent-ils en citant des statistiques divulguées par de hauts responsables du ministère iranien de la santé.

« Tout le monde sait maintenant que la stratégie initiale de camouflage appliquée par le régime et ses forces de sécurité a privé le peuple iranien de sa chance d’endiguer ce dangereux virus, continuent-ils. La vie de citoyens iraniens a été sacrifiée de manière irresponsable et inhumaine pour servir les intérêts politiques du régime. »

Les intellectuels, qui vivent tous en dehors de l’Iran, mettent en avant les actions de Khamenei qui, selon eux, démontrent sa propension à faire passer ses intérêts et ceux de ses acolytes avant la santé et la sécurité des Iraniens ordinaires.

Un barbu coiffé d’un turban, assis sur une scène, s’exprimant devant un groupe de personnes. (© Bureau du Guide suprême de l’Iran/AP Images)
Le Guide suprême Ali Khamenei, ici lors d’une réunion à Téhéran, le 23 février, a suggéré que le COVID-19 était une attaque biologique. (© Bureau du Guide suprême de l’Iran/AP Images)

Voici les principaux reproches adressés par les intellectuels :

  • Mensonges et négligence. Le régime a minimisé le nombre de décès dus au COVID-19, ce que suggèrent les estimations de l’Organisation mondiale de la santé. Le régime a également maintenu les vols de Mahan Air vers la Chine en février, alors que l’interdiction des vols aller-retour vers ce pays avait été annoncée le 31 janvier. Khamenei a même laissé entendre que l’épidémie était le résultat d’une attaque biologique.
  • Refus de l’aide internationale. Le 24 mars, les dirigeants iraniens ont expulsé Médecins Sans Frontières, rejetant les plans d’aménagement d’une unité de traitement de 50 lits pour les personnes infectées par le COVID-19 dans la ville d’Ispahan, durement touchée.

Les responsables américains affirment que le régime a également décliné leurs offres d’aide dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.

  • Alimenter la violence à l’étranger. Les dirigeants iraniens ont sorti des milliards de dollars des caisses du Fonds national de développement du pays pour soutenir la force Al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique (FQ-CGRI) au lieu de s’en servir pour combattre l’épidémie de COVID-19.

La force Al-Qods du CGRI, qui a été désignée comme organisation terroriste par les États-Unis, sème la violence sectaire à travers le Moyen-Orient.

  • La coterie avant le pays. Le régime iranien a réagi rapidement en novembre quand il a réprimé brutalement les manifestations contre la hausse des prix du carburant et le dysfonctionnement du régime. Mais face à une crise de santé publique qui tue de simples citoyens, le régime a menti et n’a pris aucune mesure.

En outre, les intellectuels reprochent au régime de ne pas avoir imposé de quarantaine à Qom, l’épicentre de l’épidémie en Iran. Une décision qui aurait été motivée par les liens de la ville avec des projets de développement sous la tutelle du gouvernement chinois, selon le MEMRI.

« Khamenei est le principal responsable de la transformation de la crise actuelle en catastrophe nationale », affirment les intellectuels dans leur lettre.

 

*en anglais