De nombreuses maladies tropicales sont propagées par les parasites. Mais ce n’est pas le cas du trachome, une infection causée par la bactérie Chlamydia trachomatis et qui peut entraîner la cécité.

L’infection se transmet au contact de l’écoulement oculaire ou nasal des personnes infectées, y compris d’un enfant à l’autre ou de la mère à l’enfant. Les mouches sont aussi un vecteur quand elles transportent la bactérie dans cet écoulement. L’infection se propage aussi via les vêtements et la literie contaminés dans les logements dépourvus d’un accès adéquat à l’eau et à l’assainissement.

Mais le trachome peut être stoppé ou considérablement réduit grâce à l’administration annuelle d’antibiotiques, un objectif vers lequel on s’avance à l’aide d’une campagne mondiale.

Tous les ans, des antibiotiques sont fournis gratuitement à des dizaines de millions de gens grâce à l’Agence des États-Unis pour le développement international* (USAID), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), différentes fondations et autres partenaires, dont la compagnie pharmaceutique américaine Pfizer*. Cette dernière fait don du puissant antibiotique Zithromax (la molécule générique azithromycine) depuis des années et a fourni à ce jour 760 millions de doses de cet antibiotique.

Le trachome sévit dans 41 pays, pour la plupart en Afrique mais aussi en Asie et en Amérique latine. On attribue à cette infection la cécité ou les déficiences visuelles de près de 2 millions de personnes.

L’OMS a récemment déclaré que le Ghana et le Népal* avaient éliminé le trachome en tant que problème de santé publique. Ils sont respectivement le sixième et le septième pays à parvenir à ce stade. Ils ont été devancés par le Cambodge, le Laos, le Mexique, le Maroc et Oman, tandis que d’autres pays se rapprochent eux aussi de cet objectif.

Une patiente couchée sur un banc pendant qu’un médecin l’examine sous un arbre (USAID)
Une équipe de soignants examine une patiente pour un dépistage du trachome. (USAID)

Initialement, il avait été prévu d’éliminer le trachome d’ici 2020, mais cela semble peu probable. « Nous sommes clairement en retard sur notre calendrier », indique la docteure Maria Rebollo Polo, directrice du bureau du Projet Spécial Élargi pour l’Élimination des Maladies Tropicales Négligées* (ESPEN) à Brazzaville, en République du Congo.

C’est néanmoins un triomphe de coopération, mise en pratique grâce aux partenariats public-privé, au financement des États-Unis et aux entreprises prenant la tête de cet effort commun. « Le contribuable américain est le plus gros investisseur dans les programmes de lutte contre les maladies tropicales négligées », souligne la docteure Rebollo, une experte espagnole en santé publique.

L’USAID verse jusqu’à 100 millions de dollars par an, et chaque dollar du contribuable américain se traduit par un don de 26 dollars de la part des sociétés pharmaceutiques, déclare Rob Henry, un responsable de cette agence.

Certains enfants et adultes parviennent à résister aux multiples inflammations oculaires causées par la bactérie. Toutefois, ces épisodes finissent par avoir un effet cumulatif se traduisant par un retournement de la paupière vers l’intérieur (entropion) qui égratigne le globe oculaire, laisse des cicatrices douloureuses et mène à la cécité irréversible, explique l’OMS. En 2016, des chirurgiens ont opéré un quart de million de patients pour rectifier ce problème de la paupière, et 85 personnes en tout ont reçu des antibiotiques.

Mis en œuvre par le biais des ministères de la Santé et des personnels sanitaires communautaires, le programme mène des campagnes annuelles d’administration d’antibiotiques. « Ces médicaments sont tellement sûrs que des bénévoles peuvent les administrer dès qu’ils ont été formés », précise la docteure Rebollo. Les équipes sanitaires mettent l’accent sur l’importance de la propreté du visage et d’autres pratiques d’hygiène.

Un homme examinant les yeux d’un patient avec une lampe de poche (Nabin Baral/RTI International/USAID)
Un agent de la santé examine les yeux de Santa Bahadur Dani lors d’un dépistage pour le trachome au village de Nareswor, dans le district népalais de Gorkha. (Nabin Baral/RTI International/USAID)

Certaines maladies tropicales peuvent être éliminées, mais il existera toujours des cas de trachomes du fait que la bactérie responsable est présente à l’état naturel, note la docteure Rebollo. Pour l’OMS, le trachome en tant que menace à la santé publique sera considéré comme éliminé quand moins de 5 % des enfants dans le monde souffriront d’inflammations de la paupière et seulement 1 adulte sur 1 000 contractera la maladie.

L’antibiotique de Pfizer sert aussi à soigner d’autres maladies d’origine bactérienne. Selon une récente étude publiée dans la revue New England Journal of Medicine, l’administration de ce médicament deux fois par an a permis de réduire considérablement le taux de mortalité infantile*, toutes causes confondues, au Niger, en Tanzanie et au Malawi.

Un autre géant pharmaceutique américain, Merck, joue lui aussi un rôle important dans la lutte contre les maladies tropicales. Merck a commencé il y a 30 ans à faire don de Mectizan*, le médicament qu’il a développé pour soigner l’onchocercose et la filariose lymphatique. En 2017, cette compagnie pharmaceutique a fourni 368 millions de traitements gratuits.

 

*en anglais