Pour Natalie Jaresko, le verre n’est pas à moitié vide ; il est plutôt plein aux trois quarts. C’est l’image qu’elle gardait à l’esprit quand elle s’attaquait aux défis économiques de l’Ukraine en sa qualité de ministre des Finances. Un poste qu’elle a été la première à occuper dans l’Ukraine d’après Maïdan et qu’elle a quitté le 14 avril.

L’ex-ministre demeure fière des progrès économiques accomplis récemment par son pays, notamment :

  • une croissance économique soutenue ;
  • une production industrielle en plein essor, en hausse de 8 % en février ;
  • une monnaie stabilisée et des réserves de devises étrangères ;
  • la fin de l’inflation, ramenée à –0,4 % en février 2016 contre un pic de 14 % en avril 2015 ;
  • la réduction, de l’ordre de 3,8 milliards de dollars, de la dette de l’Ukraine.

Ces deux derniers points tiennent en partie à la stricte discipline budgétaire de Natalie Jaresko. Une qualité qui lui a d’ailleurs valu le surnom de « ministre non ».

Investissements étrangers et nouvelles entreprises battent leur plein

Girl on wall looking at cargo container terminal (Shutterstock)
La société américaine Cargill a l’intention d’investir 100 millions de dollars dans la modernisation de l’infrastructure portuaire près d’Odessa, en Ukraine. (Shutterstock)

L’ancienne ministre des Finances fait remarquer que l’amélioration de la situation économique est en train d’attirer les investissements étrangers en Ukraine. Le géant américain de l’agro-industriel, Cargill, a annoncé son intention* d’investir 100 millions de dollars pour moderniser l’infrastructure portuaire près de la ville d’Odessa, sur la mer Noire. À Lviv, dans l’ouest du pays, le fabricant japonais de pièces automobiles, Fujikura, a ouvert une usine*, tandis que la société suédoise Ericsson de télécommunications prévoit d’établir un centre de recherche et développement* en Ukraine.

Le climat des affaires s’est aussi amélioré. Natalie Jaresko souligne qu’il suffit de 24 heures pour ouvrir une nouvelle entreprise, toutes les formalités pouvant être accomplies en ligne et le nombre de permis et de licences nécessaires ayant été fortement réduit. Des progrès aussi pour ce qui est de l’inscription des navires entrant et sortant du port : cela se fait en 16 minutes, aujourd’hui, alors qu’il fallait y passer des heures auparavant.

La corruption en prend un coup

Réduire la corruption est essentiel à la poursuite des progrès économiques. Beaucoup a été accompli sur ce plan pendant les 17 mois que la ministre a passés à son poste. Aujourd’hui, tous les responsables gouvernementaux doivent déclarer leurs avoirs et leurs impôts en ligne. Ce qui fait de l’Ukraine « un pays beaucoup plus avancé que certains États européens », précise-t-elle avec fierté. Les salaires des fonctionnaires ont augmenté et des dispositions juridiques plus fermes les tiennent responsables du devoir d’agir avec honnêteté et efficacité.

Une nouvelle force de police populaire joue un rôle essentiel dans la lutte contre les pratiques corrompues. Elle est opérationnelle dans 18 villes du pays, et devrait l’être dans 14 autres d’ici la fin de 2016. Entretemps, le Bureau national de lutte contre la corruption, nouvellement établi, a déjà enquêté sur plus de 80 cas d’allégations de corruption.

Les étapes suivantes

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La monnaie ukrainienne s’est stabilisée pendant le mandat de Natalie Jaresko au poste de ministre des Finances. (© AP Images)

Il reste des défis à relever, et Natalie Jaresko le sait bien, même à l’heure où l’Ukraine devient plus prospère et tournée vers l’Europe. La croissance économique est bien réelle, mais elle démarre au bas de la pente. « Il faudra du temps avant que la population ukrainienne ne puisse profiter des bienfaits de la croissance et de la prospérité », prévient-elle.

Elle explique que le redressement économique du pays dépend beaucoup de la sécurité dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine. Avant le cessez-le-feu de Pâques, le 30 avril 2016, la violence avait atteint son plus haut niveau* depuis le 1er septembre 2015. « L’Ukraine est attachée à la paix », mais la Russie doit s’acquitter de ses engagements conformément aux accords de Minsk, dit-elle.

Natalie Jaresko exhorte le nouveau gouvernement à mettre pleinement en œuvre le programme recommandé par le Fonds monétaire international et à lancer les « réformes difficiles » qui permettront de garder l’économie sur la bonne voie. Le nouveau gouvernement doit aussi faire preuve de retenue fiscale et « vivre dans la limite de ses moyens ».

Malgré les récents bouleversements politiques en Ukraine, Natalie Jaresko espère que l’Occident demeurera engagé dans son pays et appellera à de nouvelles réformes. Elle est convaincue que la tendance progressiste au sein du gouvernement ukrainien aura le dessus – « c’est une question de temps et de vitesse », ajoute-t-elle.

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*en anglais