Ce blog est l’introduction de la série « Élections : leçons de jeunes leaders », produite par des étudiants de Sciences Po à Paris pour le YALI Network, le réseau des jeunes leaders africains.
Lex Paulson est avocat, professeur, rédacteur et consultant en gouvernance internationale. Il a été facilitateur et formateur auprès d’ONG en Ouganda, au Burundi, Niger, Ghana, Congo-Brazzaville, Bénin, en Guinée et Côte d’Ivoire, sur des questions liées à l’engagement démocratique et la responsabilité des gouvernements.
L’élection allait être trop serrée. Au QG de la campagne – « QG », un bien grand mot : il s’agissait juste d’un appartement tout simple – l’humeur était tendue. Notre candidat, dynamique et éloquent, était peut-être le plus anxieux d’entre nous. On savait qu’il avait passé trois nuits blanches avant le jour de l’élection. On avait travaillé très dur et gagné le soutien de beaucoup d’électeurs – mais que faire s’ils décidaient de rester chez eux ou s’ils changeaient d’avis ? Que faire si notre adversaire, ce politicien de carrière avec son petit rictus invitant à la confiance, remportait l’élection ? Est-ce que tous nos efforts allaient être vains ?
C’est ça, l’histoire de ma première campagne, mais ça pourrait être aussi la vôtre. En période électorale, la société prend de grandes décisions, et ces décisions peuvent faire ressortir en nous le meilleur comme le pire. J’ai participé à la formation de jeunes militants au Bénin et en Égypte ; j’ai travaillé avec des journalistes politiques en Ouganda et avec des petits entrepreneurs en Côte d’Ivoire ; et j’ai dirigé une évaluation nationale de surveillants électoraux en Guinée. Tous ces pays ont beau être très différents les uns des autres, en période électorale, je retrouve exactement les mêmes émotions — la nervosité, l’espoir, l’enthousiasme – que celles ressenties à 19 ans, quand je me suis présenté au conseil municipal de New Haven, dans le Connecticut.
Aujourd’hui, je suis professeur à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po, en plus court), et mes élèves et moi avons la chance de faire équipe avec le réseau des jeunes leaders africains (YALI Network, ndt) en 2016 pour explorer les défis auxquels on est confronté en période électorale. Qu’est-ce que les jeunes peuvent faire pour veiller à ce que les élections soient justes et pacifiques ? Comment peuvent-ils insérer leurs propres idées – même si elles sont surprenantes ou nouvelles – au sein du débat politique ? Comment peut-on motiver les gens à approfondir leurs connaissances en politique et à voter le jour de l’élection ? Comment se préparer au travail post-électoral, en cas de victoire ou de défaite ?
Les élections peuvent provoquer beaucoup d’anxiété et de frustration, mais aussi faire ressortir le meilleur de nous-mêmes. Les campagnes nous donnent l’occasion d’aller dans les quartiers pour rencontrer des gens nouveaux, découvrir leur vie et débattre avec eux de la meilleure façon d’apporter le changement. On forme des équipes, on travaille dur et on se découvre des talents insoupçonnés. Et au cours de tout cela, de nouveaux leaders émergent des lieux les plus improbables. Vous pouvez en faire partie.