De nos jours, les gens qui empruntent la fameuse Route 66 le font généralement pour le plaisir de se balader, et pas nécessairement pour arriver à une destination particulière.
En 1926, l’année de son inauguration, on vantait en elle « l’itinéraire le plus court, le meilleur et le plus pittoresque pour aller de Chicago à Los Angeles en passant par Saint-Louis ». Cyrus Avery, son père fondateur en quelque sorte, en était convaincu : en partant de St. Louis, dans le Missouri, historiquement l’étape incontournable pour les voyageurs à destination de la côte Pacifique qui devaient se ravitailler et s’équiper en prévision du long trajet qui les attendait, la meilleure route à suivre passait par la traversée de petites villes dans l’Oklahoma, au Texas, en Arizona, au Nouveau-Mexique, au Nevada et en Californie. Au cours du XXe siècle, les commerces, les motels et les stations-service se sont multipliés pour répondre aux besoins des clients qui ne cessaient de se présenter.
À partir de la fin des années 1950, le vieux réseau routier s’est trouvé supplanté par des autoroutes modernes, et la Route 66 a été déclassée en 1985. Mais si elle ne fait plus partie du système routier fédéral, elle est encore très fréquentée par les touristes qui recherchent les itinéraires pittoresques et, au niveau local, par les habitants des villes qu’elle traverse. Les gens férus de littérature se rappellent le périple des migrants décrit dans le célèbre roman de John Steinbeck, Les raisins de la colère. Pour les amateurs de la culture pop, un trajet sur la Route 66 est un clin d’œil nostalgique au tube “(Get Your Kicks On) Route 66” (les francophones d’un certain âge pensent à Eddy Mitchell, qui a lui aussi chanté Sur la Route 66, dans son album Frenchy), au feuilleton télévisé des années 1960 “Route 66” et au film d’animation Cars : Quatre roues, qui a su donner un certain cachet aux attractions touristiques plutôt kitsch qui s’égrènent le long de la route.
La Route 66, c’est un peu la grand-route de l’Amérique, où les accents et les mets régionaux se succèdent au fil des kilomètres. Allez, prenez la route !

Cadillac Ranch, près d’Amarillo, au Texas, est l’une des attractions qui jalonnent la Route 66. Depuis 1974, des automobiles peintes en couleurs vives, et fabriquées entre 1949 et 1963, sont à moitié enterrées : c’est l’œuvre d’artistes hippies de San Francisco, avec un petit coup de pouce d’un milliardaire de la région.

“Sky City” (la ville du ciel), le surnom d’Acoma Pueblo, est perchée au sommet d’un plateau haut de 113 mètres près d’Albuquerque, au Nouveau Mexique. Établi en 1150, c’est l’un des villages habités le plus longtemps sans interruption par des Amérindiens aux États-Unis.

“Debout à un coin de rue à Winslow, dans l’Arizona” : un passe-temps mis à l’honneur dans le tube du groupe Eagles’ des années 1970s, “Take It Easy”, comme l’évoquent la statue et la peinture murale sur deux étages.

Seligman, dans l’Arizona, a connu son heure de gloire grâce aux chemins de fer. Maintenant que les voyages en train ne sont plus aussi importants, la petite ville de 456 habitants située en bordure de la Route 66 mise sur le tourisme.

Habillez-vous comme un cowboy, et toutes les portes vous seront ouvertes à Oatman, dans l’Arizona.

Pour se faire une idée de l’art populaire le long de la Route 66, le California Route 66 Museum à Victorville, en Californie, est une étape incontournable. C’est au Green Spot Motel, tout près, qu’Herman J. Mankiewicz et John Houseman ont rédigé le script du film d’Orson Welles “Citizen Kane.”

Le Wigwam Motel à San Bernardino, en Californie, a été la source d’inspiration du réalisateur de Cars : Quatre roues, pour le Cozy Cone Motel. On peut passer la nuit dans un des tipis en ciment, rénovés, qui datent de 1949. Chacun est équipé d’une salle de bains miniature et d’un châlit en forme de roue de chariot.

Au début des années 1930, à Los Angeles, le quartier baptisé Broadway theater district, qui s’étendait sur sept rues, pouvait se vanter d’avoir la plus forte concentration de salles de cinéma au monde. Le quartier vaut toujours la visite aujourd’hui.