Frank Fierro a constaté que les choses ont changé dans sa ville natale, à Planadas, en Colombie, pendant les quatre ans qu’il a passés à obtenir son diplôme d’ingénieur agronome.
Dans les campagnes colombiennes, le climat était toujours « calme, mais tendu », dit Fierro. L’armée colombienne était présente dans les villes, et les guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) étaient dans les montagnes.
Mais aujourd’hui, les jeunes gens comme Fierro, 24 ans, voient l’espoir de retourner dans leur ville natale et de poursuivre une carrière prometteuse dans le domaine agricole, en cultivant des variétés spéciales de café, de bananes plantains ou d’ananas.

Tout cela est possible grâce à la formation que Fierro et d’autres ont reçue en faisant partie du projet Utopia* de l’université La Salle, mais aussi grâce au fort potentiel de paix, encore plus concret depuis l’accord de paix* signé avec les FARC le 26 septembre dernier.
« Si seulement la moitié de l’accord de paix est appliquée, les régions rurales en seront transformées. Cela va créer des possibilités », souligne l’ingénieur agronome.
Ayant grandi en plein milieu du plus long conflit de l’Hémisphère occidental, il n’a jamais pensé qu’il pourrait se déplacer pour faire ses études. Mais l’université est venue à lui. L’université La Salle l’a recruté, avec d’autres jeunes des zones touchées par la violence, et s’est arrangée pour qu’ils suivent des cours à Yopal, à environ 200 km au nord-est de la capitale. Le frère Carlos Gómez, président de l’université et fondateur du Projet Utopia, a assuré le mentorat des nouveaux étudiants.
Frank Fierro n’a pas tardé à se distinguer par ses qualités de leadership. Il a été le premier étudiant choisi pour participer au programme d’échange 100,000 Strong in the Americas*. L’initiative a été lancée en 2011* par le président Obama pour aider les étudiants de l’Hémisphère à forger des liens entre eux. Frank Fierro a aussi eu l’occasion de se rendre pour la première fois aux États-Unis pour un séjour de deux semaines dans le cadre d’un programme d’échange avec la New Mexico State University*, au Nouveau-Mexique.
Une nouvelle direction
Cet été, le jeune homme est retourné à Planadas, muni de son diplôme et la tête pleine d’idées pour la production de bananes plantains. Il admet que ses voisins, et même son père, avaient leurs doutes.
Mais après quelques discussions, certaines très animées, Frank Fierro et son père ont trouvé un équilibre entre les savoirs traditionnels de l’un et les connaissances modernes de l’autre.
« On est plus ouverts, tous les deux, aux différentes façons de faire », explique l’ingénieur agronome dans ses champs de plantains.
Aujourd’hui, il offre des services de conseil à ses voisins plus âgés, sur la culture de plantains. « Maintenant que les résultats sont visibles, ce sont eux qui viennent à nous. »
Frank Fierro se considère, avec le réseau des diplômés du programme Utopia, une force en faveur de la paix.
« Quand les gens sont occupés, ils n’ont pas le temps de faire la guerre, dit-il. Ils n’ont que le temps de produire et de faire du pays une puissance agricole. Si tous les diplômés d’Utopia continuent à œuvrer dans ce sens, le changement se produira. »
Pour sa part, il a l’intention de rester à Planadas pour consolider son entreprise et collaborer avec d’autres diplômés d’Utopia à la création d’un système informatique pour l’agriculture à l’échelle nationale.
Frank Fierra n’a plus que deux mois à attendre pour faire sa première récolte.
« On a confiance dans le changement. On désire la paix. »
*en anglais