En Turquie, les femmes révolutionnent le monde de l’entreprise

Des femmes en train de faire de l’exercice dans une salle de fitness (Photo offerte)
Les centres B-Fit donnent aux femmes la possibilité de nouer des relations professionnelles tout en faisant du sport. (Photo offerte)

Qu’on aime ou pas fréquenter les clubs de gym, c’est un fait : ce sont des lieux de rencontre, où on peut nouer des contacts professionnels, et même faire des affaires. Bedriye Hülya, entrepreneure sociale en Turquie, en était bien consciente. Mais elle savait aussi que les hommes avaient accès à beaucoup de salles de fitness alors que les femmes, elle, n’avaient que très peu de choix.

Bedriye Hülya, le visage souriant (Photo offerte par of B-Fit Sports and Healthy Living Centers for Women)
L’entrepreneure sociale Bedriye Hülya (Photo offerte)

En 2005, avec quelques amies, Bedriye Hülya a créé la chaîne B-Fit Sports and Healthy Living Centers* qui propose 200 clubs exclusivement féminins, répartis dans 50 villes du pays. Aujourd’hui, plusieurs centaines de milliers de femmes les fréquentent.

« Ce n’est pas simplement pour faire de l’exercice, explique l’entrepreneure. Nous créons des espaces pour informer les femmes et leur donner des moyens d’action. » Chaque club est équipé d’une salle, avec un espace café, qui est réservée à la tenue de cours axés sur le développement de leurs compétences. Les titulaires des contrats de franchisage, les coachs, le personnel : femmes, femmes, femmes sur toute la ligne.

« On savait que ce serait une formule gagnante », ajoute-t-elle.

L’esprit d’entreprise gagne du terrain en Turquie. Il existe maintenant des réseaux et des pépinières constitués par des organisations non gouvernementales, comme Endeavor*, et des groupes orientés vers le commerce prêts à aider les entrepreneurs en puissance à trouver des mentors et des investisseurs.

Un marché en ligne pour des services né d’un manque

Endeavor accorde une attention particulière aux entrepreneurs « à haut risque », c’est-à-dire à ceux qui ont franchi le stade du lancement et qui ont le potentiel de créer de la richesse et de nombreux emplois. C’est le cas de Bedriye Hülya, par exemple, ou de Başak Taşpınar Değim, la fondatrice d’Armut.com (site en turc), un marché en ligne qui propose des services locaux.

Cinq personnes dans une salle, en train de parler (Photo offerte par Armut)
Başak Taşpınar Değim (deuxième à partir de la droite) et son équipe du site de services en ligne armut.com (Photo offerte)

L’idée de créer ce site lui est venue à son retour à Istanbul, après avoir travaillé un certain temps à New York. « C’était vraiment la plaie de trouver des déménageurs, des peintres et du personnel de nettoyage », explique-t-elle. L’utilisation du site Armut, qui met en rapport les consommateurs avec des prestataires locaux, s’est développée rapidement, et a attiré 4,2 millions de dollars de capital-risque.

Başak Taşpınar Değim et Bedriye Hülya se sont vu décerner de nombreux honneurs et elles ont participé au Sommet de l’entrepreneuriat mondial tenu à l’université Stanford.

Portrait d’Alev Ertem, un feuillage vert à l’arrière-plan (Photo offerte par Endeavor.org)
Alev Ertem, d’Endeavor Turquie (Photo offerte)

Quand elle a livré ses réflexions au quotidien USA Today, Başak Taşpınar Değim a fait remarquer que l’extrémisme prospère dans les endroits marqués par des difficultés économiques, là où les gens ne peuvent pas « subvenir aux besoins de leur famille ou vivre bien. L’entrepreneuriat change cette donne et fait du monde un lieu meilleur », a-t-elle déclaré.

Alev Ertem, responsable de projets à Endeavor Turquie, envisage l’avenir avec optimisme. « C’est un écosystème tout nouveau ici, mais on a fait de gros progrès. Il y a dix ans, le mot entrepreneuriat n’était même pas courant. »

Istanbul accueillera en 2018 la nouvelle édition du Congrès mondial de l’entrepreneuriat* (GEC). Un coup de pouce de plus en perspective pour les entrepreneurs turcs.

 

*en anglais