« Votre campagne doit être scientifique, et en même temps, venir du cœur. »

Voilà ce que Caroline Hubbard, spécialiste au NDI* du genre, des femmes et de la démocratie, conseille aux femmes candidates à des élections.

Face à leurs adversaires masculins, les candidates partent avec de nombreux désavantages, a-t-elle rappelé, notamment au niveau financier. Être bien organisée est donc crucial. Elle suggère de suivre un plan en quatre grandes phases :

  1. La recherche : sur la circonscription, les adversaires, les acteurs locaux ;
  2. L’identification : des électeurs, des sujets qui les préoccupent, du message de la campagne, des ressources financières et non financières, et de l’équipe de campagne ;
  3. La communication : le développement d’une stratégie vis-à-vis du public et des médias ;
  4. La campagne : la maîtrise parfaite de son message, l’importance de cibler ses électeurs pour le propager, le recours à tous les moyens de communication disponibles.

Savoir se démarquer, même avec un petit budget

« Vous devez et vous pouvez demander de l’argent pour financer votre campagne », insiste Caroline Hubbard, encourageant les candidates à ne solliciter que des gens motivés par les élections et par leur campagne. « Soyez spécifique : dites-leur de combien vous avez besoin exactement et à quoi l’argent va servir. »

Que peuvent faire les candidates quand leurs propres partis ne les soutiennent pas financièrement ? Caroline Hubbard cite l’exemple du Mexique, où « les femmes ont milité pour faire changer les lois de financement des campagnes et obligé les partis à allouer aux candidates 2 % des fonds versés par l’État pour payer les frais de campagne ».

Se présenter en tant que candidate indépendante est une autre possibilité, mais le risque est de rester totalement inconnue du public. D’où l’importance « d’identifier des alliés qui ont du pouvoir », insiste Caroline Hubbard. « Cela peut-être des chefs religieux ou des chefs communautaires, c’est-à-dire des gens qui vont pouvoir convaincre les autres de voter pour vous et vous aider à trouver des ressources. »

Les candidates indépendantes peuvent également gagner de la visibilité en formant une coalition et une liste commune.

L’aide décisive des bénévoles

Deux jeunes filles assises sur le sol, souriantes, en train d'écrire sur des affiches et de caresser un chien. (© AP Images)
Des bénévoles américaines dessinent des affiches électorales lors d’élections en Pennsylvanie en 2004. (© AP Images)

Qui dit petit budget, dit bénévoles. « Pour vous aider dans votre campagne, recrutez des étudiants ou des jeunes membres de votre parti politique, désireux d’acquérir une expérience en politique, suggère Caroline Hubbard. Vous pouvez aussi motiver des femmes à travailler pour vous en leur expliquant pourquoi elles ont intérêt à ce que davantage de femmes soient élues. »

Comment la société civile peut-elle aider les candidates ?

  • en menant des campagnes pour montrer que les femmes peuvent être de bons leaders ;
  • en sensibilisant les femmes sur l’importance de voter – ce qui peut mener à l’élection de davantage de femmes ;
  • en introduisant les préoccupations des femmes au cœur des débats électoraux, obligeant ainsi les candidats à prendre position. 

Éviter les promesses en l’air et avoir un message positif

Soyez honnête quant à vos promesses de campagne, recommande Caroline Hubbard. Vous aurez ainsi plus de chances d’être réélue.

Évitez le langage négatif. « Au lieu de signaler les points faibles de votre adversaire, mettez en avant les atouts de votre candidature. »

Restez calme et échappez aux stéréotypes: « Les femmes n’ont pas la même liberté de se battre. On leur reproche de trop crier, de trop se plaindre », explique Caroline Hubbard. En cas d’attaque, donc, recentrez les débats sur votre message car, au bout du compte, « les citoyens veulent savoir ce que vous allez faire pour améliorer leur vie, pas avec qui vous êtes mariée ».

 

*en anglais