Un trafic d’êtres humains démantelé dans la petite ville de Marneouli, dans le sud de la Géorgie, aurait très bien pu passer sous le radar de la police si celle-ci n’avait pas su exactement quoi rechercher et comment débusquer ce genre de crimes aussi répandus qu’inhumains.
Retour en arrière : un mois plus tôt, des agents du département central de la police judiciaire de Géorgie répondent à l’invitation du département d’État des États-Unis et se rendent en Hongrie pour participer à une formation à la lutte contre la traite des personnes. Ils assistent aux cours d’officiers de l’U.S. Immigration and Customs Enforcement (ICE) dispensés à l’International Law Enforcement Academy (ILEA) de Budapest.
Gérées depuis plus de 20 ans par le Bureau international des stupéfiants et de l’application de la loi du département d’État, les académies ILEA réunissent des représentants des forces de l’ordre et de la justice du monde entier dans le but de combattre la criminalité organisée transnationale, y compris le trafic d’êtres humains et le terrorisme, et cela par une coopération internationale plus étroite.
Grigol Gogochashvili, du département central de la police judiciaire de Géorgie, était le coordinateur d’un des groupes qui ont suivi le cours sur la traite donné par l’agence ICE, en avril. Cette formation s’inscrit dans une série plus large de cours sur la lutte contre la corruption dispensés à l’ILEA de Budapest.
Le stage d’une semaine, qui se déroule dix fois par an dans les cinq académies ILEA installées en dehors des États-Unis, a pour but de développer la capacité des forces de l’ordre à surveiller et combattre le trafic des personnes. La formation porte sur les techniques de repérage des victimes ainsi que sur les meilleures techniques à mettre en œuvre pour travailler avec les victimes et parvenir à la condamnation des trafiquants.
Parmi les sujets plus spécifiques figurent notamment les principes fondamentaux de l’aide aux victimes, le cycle de la violence et le rôle des médias sociaux dans la traite des personnes.
La formation est centrée sur les victimes, explique Carlos Ortiz de l’ICE, qui donne des cours sur la lutte contre la traite dans plusieurs académies ILEA.
« Personne, ni aucune partie de l’enquête, n’est plus important que la victime » ~ Carlos Ortiz, formateur à l’ILEA
Grigol Gogochashvili ne savait pas si ce qu’il avait appris lors de la formation lui servirait. Mais moins d’un mois après le retour de son équipe en Géorgie, son service de police a été alerté au sujet d’activités suspectes dans « un établissement de type hôtelier ». Grâce à la formation, M. Gogochashvili a reconnu le comportement anormal de deux femmes présentes sur les lieux.
« On a vu ces signes, exactement comme ceux qu’on nous avait appris à reconnaître pendant la formation à l’ILEA », se souvient-il. En mettant en pratique les méthodes acquises à l’ILEA, des policiers du département ont recueilli des informations et mené en secret une enquête sur l’opération, raconte M. Gogochashvili. La police a exfiltré les victimes et peu de temps après, elle a procédé à deux arrestations.
Le plus intéressant dans ce cours est le fait que les instructeurs et les participants « ont partagé une expérience concrète que j’ai ensuite utilisée dans mon travail », confie Grigol Gogochashvili. « Les formateurs étaient des représentants des forces de l’ordre en fonction, avec beaucoup d’expérience dans les affaires de trafic des personnes. »
Le réseau ILEA dans le monde
Il se compose de six établissements, situés dans les villes suivantes :
- Budapest, en Hongrie (pour l’Europe centrale et de l’Est, et l’Asie centrale)
- Bangkok, en Thaïlande (pour l’Asie du Sud-Est et la Chine)
- Gaborone, au Botswana (pour les pays au sud du Sahel et certaines parties d’Afrique de l’Ouest)
- Accra, au Ghana (centre de formation régional pour l’Afrique de l’Ouest)
- San Salvador, au Salvador (pour l’Amérique latine et les Caraïbes)
- Roswell, au Nouveau-Mexique (pour tous les pays du monde qui envoient des agents dans les académies ILEA)