Vol de fonds de secours liés à la COVID-19. Exploitation minière illégale en Amazonie. Conflits d’intérêts des fonctionnaires. Voilà des exemples de corruption dénoncée par des personnes engagées contre ce fléau.
C’est en exposant ce genre de cas de corruption que les 8 lauréats du prix 2022 des Champions de la lutte contre la corruption*, décerné par le département d’État, soutiennent un gouvernement ouvert et responsable, indispensable à la démocratie.
Lors d’une cérémonie à Washington, le 8 décembre, le secrétaire d’État Antony Blinken a félicité les lauréats pour leurs méthodes novatrices et leur persévérance en dépit des interrogatoires, du harcèlement et des menaces. En effet, certains lauréats ont vu leur domicile saccagé, des membres de leur famille intimidés et des collègues tués.
« Tout cela, je le sais, a été brutal pour vous et vos familles », a déclaré Antony Blinken au cours de la cérémonie. Pourtant, « vous avez refusé d’abandonner ». Faisant remarquer que les efforts de nombreux lauréats s’étendaient sur plusieurs décennies, il a ajouté : « Merci, merci, merci pour votre courage et pour votre sacrifice. »

La corruption sape les institutions démocratiques, affaiblit les économies et érode la confiance du public. Lors de la Conférence internationale de lutte contre la corruption, le 6 décembre à Washington, le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré que les coûts de la corruption traversent les frontières et affectent la santé et les droits des personnes ainsi que la sécurité et la prospérité.
Le président Biden a fait de la lutte contre la corruption un intérêt de sécurité nationale de premier plan. Pour s’attaquer au problème, les États-Unis s’associent à d’autres pays. Ils font appliquer les normes internationales et soutiennent les personnes qui luttent contre la corruption dans le monde entier.
En 2021, le département d’État a lancé le prix des Champions de la lutte contre la corruption. À ce jour, le département a rendu hommage à 32 militants anticorruption dans le monde. Cette année, les 8 lauréats sont des journalistes, des activistes et des fonctionnaires qui ont montré comment « la corruption sape la capacité des gouvernements à répondre aux besoins les plus élémentaires des populations en temps de crise », a expliqué Antony Blinken.
Au Bangladesh, la journaliste d’investigation Rozina Islam a dénoncé le pillage par des fonctionnaires corrompus de fonds de secours accordés pour faire face à la COVID-19. À cause de ce vol, des équipements médicaux vitaux n’ont pas pu être utilisés. Malgré les menaces faites directement à son encontre, elle a continué d’exiger que des comptes soient rendus.
Le secrétaire d’État Blinken a également applaudi les lauréats pour leur utilisation innovante de la technologie. Le journaliste Stevan Dojcinovic a fondé le réseau KRIK pour dénoncer la criminalité et la corruption en Serbie. L’organisation a créé une base de données accessible au public qui répertorie les avoirs et les conflits d’intérêts des fonctionnaires.
Winning the fight against corruption is a top U.S. priority, but it cannot be done alone. That’s why we are recognizing eight individuals who have demonstrated courage and intrepidity in their effort to prevent, expose, and combat corruption. #ACCA2022 #IACD2022 pic.twitter.com/x0dFQ9ftrU
— US Dept of State INL (@StateINL) December 9, 2022
L’organisation Zimbabwe Coalition on Debt and Development, créée par Janet Zhou, se sert des médias sociaux, des panneaux publicitaires et de la musique pour rallier le soutien du public zimbabwéen et exiger que des comptes soient rendus dans les affaires de corruption.
Au Mexique, le journaliste d’investigation Antonio Cervantes Garcia, du magazine ZETA, a dénoncé la corruption des pouvoirs publics, le crime organisé et le trafic de drogue. Ses enquêtes sur une série d’exécutions ont permis aux familles des victimes de faire leur deuil et d’obtenir justice.
Au cours de ses 40 années de carrière judiciaire, le juge de la Cour suprême colombienne Marco Antonio Rueda Soto a effectué une série d’enquêtes qui ont abouti à la condamnation d’anciens hauts fonctionnaires, notamment en Amazonie, où la levée illégale des restrictions minières a ouvert la porte à la déforestation et à la pollution de villages autochtones.
Le directeur général de la Banque centrale d’Irak, Qismah Salih Ali Mendeli, a renforcé le contrôle des systèmes financiers et bancaires du pays et a contribué à jeter les bases d’un système économique fondé sur des règles. À son poste de président de la Cour des comptes de Madagascar, Jean de Dieu Rakotondramihamina a découvert des preuves de fraude, de gaspillage et de négligence.
Cynthia Gabriel, récompensée pour avoir levé le voile sur les pratiques de corruption dans les marchés publics et l’exploitation environnementale en Malaisie, a déclaré que le soutien du gouvernement américain aux militants anticorruption renforçait leurs efforts. « Merci encore pour cet honneur et pour cette formidable reconnaissance qui donnera un nouvel élan à notre travail sur la lutte contre la corruption et sur les droits humains », a-t-elle souligné.
*en anglais