Hommage à un pionnier américain de la diversité

Un homme assis, faisant des gestes de la main tout en parlant (© Frank Johnston/The Washington Post/Getty Images)
Terence A. Todman a été l’un des diplomates noirs ayant atteint les plus hauts échelons du Service extérieur lors de sa carrière de 40 ans au département d’État. (© Frank Johnston/The Washington Post/Getty Images)

« On disait que j’étais un trouble-fête », a déclaré l’ambassadeur Terence Todman à propos de ses années passées au département d’État, « et c’était bien comme ça ».

Terence A. Todman (1926–2014) a été l’un des premiers diplomates noirs à être désignés « ambassadeur de carrière », une élévation du poste d’ambassadeur qu’accorde le président des États-Unis pour service distingué.

Il a ouvert la voie à des diplomates autres que blancs au département d’État. Lors de sa carrière, il a défendu ses collègues noirs et combattu le racisme institutionnel.

Né à Saint-Thomas, l’une des îles vierges des États-Unis, M. Todman était le fils d’une blanchisseuse et d’un commis d’épicerie, dans une fratrie de 13 enfants. En 1945, il est recruté dans l’armée américaine et sert pendant quatre ans.

L’ambassadeur Todman commence sa carrière au département d’État en 1957, soit plus de dix ans avant la promulgation du Civil Rights Act, la loi sur les droits civiques. À l’époque, il n’y avait qu’un seul autre diplomate noir dans l’agence.

« Je me souviens que des gens venaient dans mon bureau pour une réunion et disaient ‘On est là pour voir M. Todman’, et je leur répondais ‘Eh bien, je suis M. Todman, veuillez entrer’. Et on me répondait : ‘Vous plaisantez, non ?’ Il a fallu quelque temps, à plusieurs personnes, avant d’accepter le fait que je pouvais être la personne responsable de certaines activités. C’était un tout autre monde. »

Une plaque décrivant la carrière de M. Todman (Département d’État)
Une plaque rendant hommage au legs de Terence Todman. (Département d’État)

C’est en 1957 que M. Todman passe le concours du Service extérieur. Lors de sa formation au Foreign Service Institute (FSI), il se heurte à la dure réalité d’un Sud encore ségrégué.

À l’époque, le campus du FSI se trouvait dans la banlieue de Washington, sur l’autre rive du Potomac, à Rosslyn, en Virginie. L’État était encore ségrégué, ce qui signifiait que les Noirs ne pouvaient pas fréquenter un restaurant ou utiliser les mêmes établissements publics que ceux accessibles aux Blancs.

« J’ai découvert que le FSI n’avait qu’une seule possibilité de repas : un tout petit café où on ne pouvait qu’acheter un petit gâteau et du café, ou du thé ou quelque chose comme ça, a-t-il raconté un jour. « À l’heure du repas de midi, tous les diplomates blancs se rendaient dans un restaurant ordinaire, de l’autre côté de la rue, pour y déjeuner. »

Mais quand M. Todman a soulevé la question de ne pas pouvoir prendre un repas complet avec ses collègues blancs, il s’est heurté à des obstacles. Il a continué de soumettre la question à différents niveaux du département d’État jusqu’à ce qu’elle parvienne au sous-secrétaire d’État responsable de la gestion.

En fin de compte, le département d’État a accepté de louer la moitié du restaurant et d’installer une paroi entre les deux parties. Le même personnel préparait les repas de tous les clients dans la même cuisine, mais la moitié louée par le département d’État n’était plus ségréguée, tandis que l’autre était demeurée propriété privée.

Dans les années qui ont suivi, la carrière de M. Todman dans le Service extérieur l’a conduit à être nommé l’un des premiers ambassadeurs noirs des États-Unis, et il a toujours défendu les droits humains, où qu’il ait été affecté.

De 1969 à 1993, Terence Todman a été ambassadeur des États-Unis dans six pays : Argentine, Costa Rica, Danemark, Guinée, Espagne et Tchad. En 1977, le gouvernement Carter l’a nommé secrétaire d’État adjoint aux Affaires interaméricaines.

Lors d’un entretien en 1995* (PDF, 220 Mo), répondant à une question sur l’avenir du département d’État, M. Todman a souligné qu’il était essentiel d’avoir une plus grande diversité parmi les diplomates. « Nous avons besoin, en tant que pays, de la meilleure contribution possible à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques. Il y a des sensibilités particulières que les gens apportent dans une réunion et qu’on ne peut pas obtenir autrement », a souligné M. Todman.

Le 1er février, le département d’État rendra hommage au legs de M. Todman lors d’une cérémonie* à laquelle participera en conférencière l’ambassadrice Gina Abercrombie-Winstanley, directrice du bureau chargé de la diversité et de l’inclusion. Elle se tiendra de 9 h à 10 h, heure de l’Est, à Washington. Pour plus d’articles sur la diversité dans le domaine de la diplomatie, veuillez visiter le site de l’initiative Facing Diplomacy* du Musée national de la diplomatie américaine.

 

*en anglais