
Le journaliste et militant russe Vladimir Kara-Murza a été condamné le 17 avril à 25 ans de prison. De quoi est-il accusé ? D’avoir critiqué la guerre effrénée que mène le gouvernement russe contre l’Ukraine.
En Iran, des journalistes (en majorité des femmes) ont été arrêtés uniquement parce qu’ils avaient couvert des manifestations où s’étaient mobilisés de nombreux groupes de la société, dont les enseignants, les syndicats, les avocats et les étudiants.
Les récentes arrestations en Russie et en Iran mettent en évidence la répression permanente de la liberté d’expression par les régimes autoritaires. En fait, la liberté d’expression n’a fait que régresser dans le monde depuis 17 années consécutives, selon un rapport sur la liberté* publié par Freedom House, une organisation de défense des droits basée à Washington.
« Si la liberté d’expression ne garantit pas la démocratie, son absence laisse le champ libre à l’autoritarisme », a déclaré Yana Gorokhovskaia*, de Freedom House, en annonçant la publication du rapport le 9 mars. « Mais les poursuites pénales contre les journalistes, la violence extrajudiciaire, la censure et les lois qui limitent l’indépendance des médias sont en hausse partout dans le monde. »
Le 3 mai, les Nations unies marquent la Journée mondiale de la liberté de la presse pour rappeler aux gouvernements qu’ils doivent respecter la liberté d’expression, une liberté qualifiée par l’ONU de « moteur de tous les autres droits de l’homme ».

Le 9 mai, Freedom House rendra hommage à Vladimir Kara-Murza et aux femmes d’Iran lors d’une cérémonie de remise de prix aux champions de la démocratie. Le secrétaire d’État Antony Blinken s’y exprimera également.
Les autorités russes ont arrêté Vladimir Kara-Murza en avril 2022, peu de temps après ses prises de paroles et interviews, en Russie et à l’étranger, où il a dénoncé la guerre du gouvernement russe contre l’Ukraine.
« Les accusations grotesques du Kremlin à l’encontre de Vladimir Kara-Murza, à savoir qu’il a “diffusé de fausses informations” sur la guerre cruelle en Ukraine, n’est qu’une nouvelle tentative cynique visant à réduire au silence ceux qui disent la vérité », a déploré le chef de la diplomatie américaine*, appelant à la libération du journaliste russe en avril 2
We have sanctioned Iran’s گشت_ارشاد# Morality Police, the entity responsible for the arrest and death of #Mahsa_Amini, and designated seven other Iranian security officials responsible for suppressing non-violent protests.
— Secretary Antony Blinken (@SecBlinken) September 22, 2022
Niloofar Hamedi et sa collègue Elaheh Mohammadi, deux journalistes qui ont été parmi les premières à avoir annoncé la mort de Mahsa Jina Amini, ont été arrêtées plus tard lors de la vague de répression du gouvernement contre les manifestations. « Les forces de sécurité s’en prennent délibérément aux femmes journalistes et les emprisonnent à un rythme de plus en plus soutenu », souligne Britt Gronemeyer, du groupe de réflexion Atlantic Council, basé à Washington, dans une tribune publiée en avril*.
Depuis que le régime iranien a commencé à réprimer brutalement les manifestations de septembre de 2022, les États-Unis ont sanctionné beaucoup de hauts fonctionnaires* responsables de violations des droits de la personne. Ces sanctions ont été imposées en étroite coordination avec des partenaires tels que le Royaume-Uni, le Canada, l’Union européenne et l’Australie.
Dans le rapport « Freedom in the World » qu’elle publie chaque année depuis 1973, l’organisation Freedom House affirme que le désir de liberté est universel et que les peuples continueront de défier les régimes autoritaires.
« Les évènements récents en Iran nous rappellent, une fois encore, que des millions de personnes sont prêtes à réclamer la démocratie et à défendre leurs droits, et ce au péril de leur vie », lit-on dans le rapport de 2023.
*en anglais