
Le président Obama n’avait qu’une question à la bouche quand il a rencontré un groupe d’entrepreneurs : « Où est Jimena ? »
Jimena Flórez a le vent en poupe. Son entreprise, Crispy Fruits*, donne un coup de pouce aux cultivateurs, soutient l’agriculture bio et met sur le marché des snacks qui se vendent comme des petits pains.
Un modèle d’affaire innovant

Quand elle développait son modèle d’affaire, Jimena a rencontré des agriculteurs défavorisés du village de Tumaco, dans le sud de la Colombie. Parmi les habitants, beaucoup n’avaient accès ni à l’électricité ni à l’eau potable, et la région venait de repousser la menace de guérillas. Toutes ces difficultés n’empêchaient pas les agriculteurs du coin, pour la plupart des Colombiens d’origine africaine, de produire d’excellentes fèves de cacao, l’ingrédient principal du chocolat.
Jimena voulait inclure ces cultivateurs parmi ses fournisseurs. « C’est le devoir de tous les chefs d’entreprise : donner un coup de pouce aux autres et les aider à produire de manière durable, à être indépendants et à avoir les reins solides », insiste-t-elle.
Elle a donc décidé de créer des produits à base de cacao et de rehausser en même temps le rang des agriculteurs de Tumaco dans la « chaîne de valeur ». Au lieu de s’approvisionner en cacao à l’état brut, elle leur achète de la poudre de cacao, un produit à valeur ajoutée, et les rémunère à un prix équitable. Sa devise ? « Si mon entreprise se développe, vous allez vous développer aussi. Nous connaîtrons la croissance ensemble. »
Une idée qui fait son chemin
Dans une grande partie du monde, les femmes à la tête d’entreprises se heurtent à des obstacles supplémentaires. Elles ont plus de mal à avoir accès aux marchés, au financement et à la formation. Mais Jimena a trouvé des partenaires déterminés à aider des femmes comme elle à surmonter ces obstacles.
Par le biais de programmes soutenus par le département d’État des États-Unis, notamment WEAmericas et WeConnect International*, elle a pu rencontrer d’autres entrepreneurs, bénéficier de mentorat, obtenir une certification d’entreprise et nouer des liens avec des acheteurs multinationaux.
Et rencontrer Barack Obama.
À l’automne 2015, forte du soutien de l’alliance La Idea* qui encourage les entrepreneurs d’Amérique latine, Jimena a présenté le cacao de Tumaco à une pépinière d’entreprises spécialisée dans l’agroalimentaire, le Rutgers Food Innovation Center*, au New Jersey. But de la manœuvre : obtenir des tuyaux pour mettre au point des brownies (petits gâteaux au chocolat) fabriqués avec des produits naturels, bons pour la santé. Elle espère pouvoir les vendre bientôt aux États-Unis.
Pour Jimena, il ne s’agit pas seulement de faire grandir son entreprise. Les liens qu’elle a noués avec les agriculteurs de Tumaco, elle en est convaincue, servent à multiplier les chances de réussir pour tout le monde. « Grâce à ce que vous faites, vous nous donnez de l’espoir », lui a dit un cultivateur. « Je n’en demande pas plus », se réjouit-elle.
La recette de Jimena en trois mots :
Vous envisagez de monter une entreprise ? Jimena a trois mots d’ordre :
- Passion : est-ce vraiment ce que vous voulez faire ? Soyez aussi généreux avec votre entreprise que vous l’êtes envers vous-même.
- Concentration : les entrepreneurs ont beaucoup d’idées. Un plan d’action vous permettra de garder le cap.
- Engagement : avec de la discipline, vous pouvez adopter de bonnes habitudes en affaires.
L’entrepreneuriat est un processus, explique-t-elle. « Quand vous travaillez sur quelque chose qui vous passionne vraiment, et que vous êtes discipliné, vous voyez des résultats – des moments magiques. »
Se faire remarquer par Barack Obama, par exemple. « Nous voulons donner des moyens d’action aux gens pour permettre à des sociétés tout entières de s’assumer, et à terme au monde lui-même », a déclaré le président américain. Et il a précisé de qui il parlait : « De femmes comme Jimena Flórez, de Colombie. »
*en anglais