Un homme portant des écouteurs et assis dans un fauteuil près d’une fenêtre (© Shutterstock)
(© Shutterstock)

À première vue, l’album de rap avant-gardiste The Chronic de Dr Dre n’est pas à mettre dans le même panier que l’enregistrement original de la comédie musicale de Broadway Fiddler on the Roof (Un violon sur le toit) ou la chanson disco Y.M.C.A. du groupe Village People.

Mais ces œuvres disparates ont un point commun : elles font partie des derniers titres inscrits au Registre national des enregistrements de la Bibliothèque du Congrès, ayant été désignées comme « trésors dignes d’être préservés ».

Chaque année, la Bibliothèque en ajoute 25* jugés importants d’un point de vue culturel et esthétique pour le patrimoine des enregistrements sonores de l’Amérique. Les titres choisis cette année par la bibliothécaire du Congrès Carla Hayden, en consultation avec le National Recording Preservation Board, ont au moins 10 ans. Mme Hayden qualifie le registre de « playlist évolutive du paysage sonore américain ».

La comédie musicale Fiddler on the Roof, qui a connu un succès retentissant à Broadway, s’inscrit sans conteste dans ce paysage sonore, quand bien même l’action se déroule dans un village ukrainien au XXe siècle. Sur une musique de Jerry Block mise en paroles par Sheldon Harnick, Fiddler raconte l’histoire de Tevye, père de cinq filles, qui fait tout son possible pour s’accrocher à ses traditions religieuses et culturelles juives face aux influences extérieures gagnant inexorablement du terrain sur sa vie de famille.

Vers la fin du spectacle, un décret du tsar ordonne aux habitants juifs de quitter le village. Tevye et la plupart des membres de sa famille se préparent alors à mettre les voiles pour l’Amérique, rejoignant le flot d’immigrants qui contribueront à la mosaïque du jeune pays.

Tisser la trame culturelle d’un pays

Deux autres titres retenus par Mme Hayden : l’interprétation par Whitney Houston, en 1992, du classique de Dolly Parton I Will Always Love You et la chanson lancinante Wichita Lineman du compositeur Jimmy Webb, interprétée par la légende de la musique country Glen Campbell en 1968.

Whitney Houston a transformé un air suave de musique country en une chanson à succès. Dans une interview à la radio en 2018, Dolly Parton s’est émerveillée de la façon dont Houston a transformé sa chanson toute simple « en quelque chose de vraiment puissant ».

Steve Leggett, conservateur du Registre national des enregistrements, fait remarquer que les paroles de Wichita Lineman trouvent un écho chez les personnes qui se sentent seules et qui aimeraient avoir à leurs côtés les êtres qui leur sont chers. Le refrain de la chanson — “And I need you more than want you/And I want you for all time” — est un cri du cœur qui capture « les émotions que nous ressentons tous », affirme-t-il.

Comme d’habitude, la liste des enregistrements retenus cette année est éclectique. Y figurent notamment : l’album (1973) de Fred Rogers qui contient des chansons réconfortantes tirées de l’émission pour enfants Mr. Rogers’ Neighborhood ; la description du match de base-ball historique de la Ligue nationale entre les Giants de New York et les Dodgers de Brooklyn, en 1951 ; et l’album de la chanteuse britannique Dusty Springfield Dusty in Memphis, sorti aux États-Unis en 1969, qui reste un classique de la musique soul/pop de l’Amérique.

Les titres ajoutés au registre cette année forment « la playlist de confinement par excellence », plaisante Mme Hayden.

 

*en anglais