
Lorsque la Charte des Nations unies est signée le 26 juin 1945, les conditions sont réunies pour que le règlement des différends internationaux par des moyens pacifiques devienne la norme dans le monde de l’après-guerre.
Les représentants de 50 des 51 pays membres fondateurs de l’ONU y apposent leur signature ce jour-là, lors de la Conférence de San Francisco. (La Pologne le fera deux mois plus tard.) La charte proclame l’engagement des Nations unies à maintenir la paix et la sécurité internationales, et à soutenir les droits de l’Homme.
Entrée en vigueur le 24 octobre 1945, c’est le premier document ayant recueilli un soutien mondial qui aborde le thème des droits de l’Homme. Ses dispositions en la matière seront renforcées trois ans plus tard, en 1948.
Un large soutien
Avant que la charte ne soit signée, des discussions préliminaires se tiennent dans un hôtel particulier de Washington, sur le domaine de Dumbarton Oaks. « On doit les premières ébauches de cette organisation de paix à un groupe de législateurs [américains] et de fonctionnaires du département d’État », rapporte le Washington Post le 10 juillet 1945.
Mais le président Harry Truman veut aussi obtenir l’adhésion des simples citoyens.

Dans un télégramme adressé à Clark Eichelberger, directeur d’une organisation citoyenne, Truman s’explique : ce n’est que si les Américains « comprennent ce qu’est la charte et ce qu’elle peut signifier pour la paix dans le monde que le document deviendra une réalité humaine vivante », écrit-il. En réponse, Eichelberger lance alors une campagne de sensibilisation non seulement dans les écoles, mais aussi auprès de groupes d’entreprises, de syndicats et d’organisations agricoles.
De la discussion publique naissent des changements apportés aux propositions issues de Dumbarton Oaks — des changements qui seront validés à San Francisco avant la signature. Plusieurs membres du Congrès apportent également leur pierre à l’édifice, et « il a fallu consentir à des compromis pour satisfaire d’autres pays », note le Washington Post à l’époque. « La charte reflète ainsi une véritable convergence des positions au moyen de processus démocratiques. »
Comment fonctionne l’ONU

En donnant aux pays le moyen de chercher des solutions collectives aux conflits, l’ONU favorise les règlements négociés (parfois avec un tiers compétent faisant office de médiateur).
La prévention des conflits reste sa priorité absolue, mais l’ONU encourage également le progrès social et l’amélioration du niveau de vie dans le monde entier par le biais de programmes visant à vaincre la faim, les maladies et l’analphabétisme. En outre, elle promeut les échanges culturels et éducatifs destinés à forger des relations amicales entre les pays.
Pour mener à bien ces activités, les Nations unies garantissent un ordre mondial multilatéral qui rejette le favoritisme.
« Dans l’accomplissement de leurs devoirs, le Secrétaire général et le personnel ne solliciteront ni n’accepteront d’instructions d’aucun gouvernement ni d’aucune autorité extérieure à l’Organisation. Ils s’abstiendront de tout acte incompatible avec leur situation de fonctionnaires internationaux et ne sont responsables qu’envers l’Organisation », stipule l’article 100 de la charte.
De surcroît, cet article exige des États membres qu’ils s’engagent « à respecter le caractère exclusivement international des fonctions du Secrétaire général et du personnel, et à ne pas chercher à les influencer dans l’exécution de leur tâche » afin de maintenir l’impartialité de l’organisation.
Aujourd’hui, forte de 193 membres, l’ONU comprend presque tous les pays du monde. Son succès tient dans une grande mesure à trois facteurs.
Premièrement, l’ONU traite les États membres sur un pied d’égalité, en accordant le même respect à tous. Cela réduit les disparités entre les nations et donne aux petits États de multiples occasions d’exprimer leurs positions.
Deuxièmement, les résolutions de l’ONU s’appliquent à tous les membres, et ses institutions fournissent une aide et des fonds sur la base de règles adoptées d’un commun accord. L’ONU logeant tous les pays à la même enseigne, la population des États membres peut mieux comprendre comment son gouvernement, et tous les autres, peuvent s’acquitter de leurs responsabilités internationales.
Troisièmement, le leadership des Nations unies peut influencer les attentes quant aux comportements des États sur la scène internationale. Pratiquement tous les gouvernements veulent être perçus comme des acteurs qui participent de manière positive au système. Dès lors, ils adaptent régulièrement leurs politiques en tenant compte des préférences mondiales exprimées par les organes des Nations unies.