La décision de la Cour suprême en 2015 de légaliser le mariage gay au niveau national a posé un jalon important dans la lutte en faveur de l’égalité des droits pour les personnes lesbiennes, gays, transgenres, queer et intersexex (LGBTQI+) aux États-Unis. Elle découle de nombreuses années de militantisme par de simples citoyens, des associations et des législateurs dont les efforts ont changé les cœurs, les mentalités et – finalement – les lois.
Les sondages d’opinion constatent cette acceptation croissante des droits LGBTQI+*, notamment du droit au mariage gay, aux États-Unis.
« Tout le monde a droit à la dignité et à l’égalité, peu importe qui on est, qui on aime ou comment on s’identifie », a déclaré le président Biden.
Le changement ne s’est pas fait du jour au lendemain
En 2004, le Massachusetts est devenu le premier État à légaliser le mariage gay. Trente-sept autres États et la capitale, Washington, ont ensuite fait de même. L’arrêt de la Cour suprême garantit que les mariages homosexuels sont légaux dans tout le pays, quel que soit l’État où ils ont été prononcés. Les couples gays bénéficient des mêmes droits fédéraux que les couples hétéros, y compris celui d’être protégés par la loi.

Mais il y a un siècle, l’acceptation générale des droits LGBTQI+ était impensable. La première organisation des droits des gays aux États-Unis, la Society for Human Rights, a été créée en 1924, mais elle a été fermée un an plus tard à la suite de pressions politiques intenses. Les lois portant interdiction des actes homosexuels n’ont été abrogées que progressivement, pour commencer dans l’État de l’Illinois en 1962 – et l’association américaine des psychiatres (APA) classait l’homosexualité dans la catégorie des maladies mentales jusqu’en 1973 encore.
Le premier tournant décisif a eu lieu en juin 1969, quand une descente de police dans un bar gay de New York, le Stonewall Inn, a déclenché des manifestations. Des centaines de personnes se sont mobilisées, ce qui a été une inspiration pour des groupes militants à se former. Tous les ans, au mois de juin, les manifestations de Stonewall sont commémorées lors de défilés de la Gay Pride, de New York à Vienne et à Shanghaï.
Aux États-Unis aujourd’hui, des centaines d’organisations militantes se battent pour faire adopter des lois et des politiques en faveur de la communauté LGBTQI+. Elles viennent en aide aux jeunes sans abri, dont 40 % se réclament de la communauté LGBTQI+. Elles poussent à la roue pour que les familles LGBTQI+ jouissent des mêmes droits que les familles hétérosexuelles en matière d’immigration et pour que les réfugiés LGBTQI+ qui fuient les persécutions puissent trouver asile aux États-Unis.
Un soutien extérieur
Le mouvement bénéficie d’un soutien croissant des familles et des « alliés » hétérosexuels qui défendent les droits de leurs amis LGBTQI+ et de leurs proches. PFLAG, la plus grande association rassemblant des familles et des alliés, se bat pour la cause depuis près de 50 ans.
« Être un allié, ça peut être tout simplement dire : ta blague sur les homos n’est pas drôle », explique le rabbin David Horowitz, ancien président du conseil national de PFLAG. Les membres de l’association contactent leurs élus pour réclamer des changements, comme l’adoption de lois qui pénalisent les crimes motivés par la haine.

« Quand on discute avec des membres du Congrès, on change les esprits », commente le rabbin, dont la fille a révélé qu’elle était lesbienne la veille de la cérémonie de remise des diplômes à l’université. Synonyme d’amour et de famille, PFLAG influence les décideurs. « C’est dur d’être en colère contre quelqu’un qui aime ses enfants », assure-t-il.
L’association Human Rights Campaign* a largement fait ses preuves. Depuis 1980, ses adhérents, qui comptent 3 millions de membres et d’alliés, se battent pour rejeter l’interdiction des mariages entre personnes de même sexe, par exemple, et toute mesure qui empêche les personnes porteuses du VIH d’immigrer aux États-Unis. En 2013, cette ONG a accueilli parmi ses membres ses deux premiers jeunes militants basés en dehors des États-Unis qui sont « les yeux et les oreilles » dans leur communauté.
Des valeurs familiales
Dans un essai prémonitoire paru dans New Republic en 1989, le bloggeur et auteur conservateur Andrew Sullivan réclamait l’égalité de mariage pour les personnes LGBTQI+. La légalisation du mariage gay favoriserait « la cohésion sociale, le sentiment de sécurité, et la prudence économique, affirmait-il. (…) En bref, il ne s’agit pas de nier les valeurs familiales, mais de les élargir. »
« Je suis ravi de voir les progrès que nous avons faits », a déclaré Seth Adam, ancien vice-président chargé de la communication à l’organisation GLAAD, qui surveille la façon dont les LGBTQI+ sont représentés dans les médias. « C’est le résultat de plus de 50 ans de travail des militants. »
Pour le militant, il reste du travail à faire pour avancer les droits des LGBTQI+. « Le mariage gay constitue une référence, mais ce n’est pas une ligne d’arrivée », a-t-il ajouté.
Mise à jour d’un article publié précédemment le 23 juin 2016.
*en anglais