La « Prof de l’année 2016 » américaine raconte sa tournée en Afrique [vidéo]

Jahana Hayes enseigne l’histoire au lycée John F. Kennedy dans sa ville natale de Waterbury, dans le Connecticut. (Waterbury Public Schools)

Aux États-Unis, l’enseignant qui est désigné « Prof de l’année » a droit à un congé sabbatique d’un an. Une année qui est consacrée, entre autres, à des déplacements à travers les États-Unis et à l’étranger pour partager son savoir-faire, rencontrer beaucoup d’élèves et défendre la cause de l’éducation.

En 2016, c’est à Jahana Hayes, prof d’histoire du Connecticut, qu’est revenu cet honneur. La destination qu’elle a choisie pour faire sa tournée de bonne volonté à l’étranger ? L’Afrique, où elle a partagé avec ses collègues africains un message qui a été accueilli étonnement – et envie : les écoles américaines ne sont pas obnubilées par les résultats des élèves aux examens.

« Aux États-Unis, a-t-elle affirmé, l’enseignement ne se limite pas aux tests. On veut encourager la créativité et l’innovation, et développer l’esprit critique chez nos élèves. »

Lors de sa tournée parrainée par le département d’État, Jahana Hayes a rencontré des ministres de l’éducation, des enseignants du primaire au niveau universitaire et des maîtres-élèves en Namibie, au Malawi, en Algérie et en Tunisie.

Certains  éducateurs, perplexes, lui ont demandé pourquoi les élèves américains n’étaient pas parmi les premiers dans les tests internationaux de maths et de sciences.

« Nous nous écartons de plus en plus des évaluations des élèves faites uniquement sur la base des résultats des tests », leur a expliqué Jahana Hayes. Une autre source d’étonnement pour ses interlocuteurs : que les enseignants américains cherchent à établir des rapports personnels avec leurs élèves.

Photo portrait de Jahana Hayes (Waterbury Public Schools)
Jahana Hayes (Waterbury Public Schools)

L’idée qu’on puisse « créer avec eux des expériences ancrées dans la réalité et rédiger ses propres leçons », au lieu d’enseigner simplement dans l’optique des tests, les a surpris. Beaucoup d’éducateurs lui ont affirmé qu’ils aimeraient pouvoir en faire autant.

« Partout où je suis allée là-bas, j’ai ressenti cette curiosité et cette envie à propos de ce qu’on fait dans les écoles américaines », a confié Jahana Hayes.

Ce qui l’avait impressionnée, elle, c’était de voir la haute considération accordée aux enseignants dans ces quatre pays. « Il y avait partout une soif évidente de savoir. »

La « Prof de l’année » a raconté qu’elle avait été touchée par sa visite dans un village du Malawi où les fillettes retournaient à l’école, maintenant que les mariages d’enfants étaient interdits. Elle s’est aussi rendue à l’école primaire Salima pour les aveugles, une institution remarquable gérée avec le soutien de l’Agence des États-Unis pour le développement international.

« Elle se trouve dans une région du pays où il n’y avait aucune école pour les enfants ayant besoin de services spécialisés », a-t-elle noté.

Sa visite en Tunisie a été instructive à un autre égard. « Tout le monde en Tunisie avait les yeux rivés sur la télé » le jour où les Américains ont élu leur président, dit-elle. « Je n’avais jamais pleinement saisi l’impact des élections aux États-Unis sur le reste du monde. Pour moi qui suis prof d’histoire, c’était étonnant. »

Jahana Hayes, 44 ans, a commencé sa carrière d’enseignante sur le tard. Devenue mère à l’âge de 17 ans, elle avait attendu sept ans après le lycée avant d’entamer des études supérieures. Mais elle a mis les bouchées doubles quand elle a commencé dans le métier, il y a 13 ans.

Au lycée John F. Kennedy, elle s’est distinguée non seulement comme enseignante en salle de classe, mais aussi comme conseillère motivante, mentor et organisatrice d’activités de bénévolat.

Un autre « Prof de l’année » sera choisi en avril, et reçu à la Maison Blanche, à l’issue d’un concours organisé par les directeurs des systèmes scolaires au niveau des États.

La vidéo, en anglais, est offerte par le Council of Chief State School Officers.