L’art coréen revendique sa place dans un musée à New York

Des œuvres d’artistes coréens ainsi que l’influence qu’ils ont eue sur la culture asiatique sont présentées dans le cadre de l’exposition Arts of Korea au Brooklyn Museum. L’expo retrace l’évolution des traditions artistiques coréennes sur une période d’environ 1 800 ans.

Les 80 objets exposés illustrent « une maîtrise précoce des techniques de la céramique (…) et une maîtrise sophistiquée de l’orfèvrerie », explique la curatrice Joan Cummins. Elle attire l’attention sur plusieurs pièces qui illustrent l’utilisation innovante de nouveaux matériaux : un collier de perles en verre « à une époque où les technologies de fabrication du verre étaient encore nouvelles en Asie orientale » et un grand nombre de poteries et céramiques très anciennes.

« La Corée était une innovatrice dans le développement de la céramique », ajoute Joan Cummins. On peut citer l’exemple de céramiques datant de l’époque des Trois Royaumes (57 AEC–668 EC) et de céladons, un type de céramique bleu-vert, de l’époque Goryeo (918–1392 EC).

Illustration d’un temple asiatique (Brooklyn Museum)
Sanctuaire spirituel, encre et couleur sur papier. Corée, dynastie Joseon, 1811. (Brooklyn Museum)

Joan Cummins souligne la qualité exceptionnelle de l’une des pièces du musée : « un pichet en céladon, véritable chef-d’œuvre, dont la couleur et les motifs sculptés frôlent la perfection ». En forme de bouton de lotus, ce pichet de l’époque Goryeo est considéré comme la plus belle céramique coréenne de l’hémisphère ouest.

L’exposition comprend également de nombreux objets datant du long règne de la dynastie Joseon (1392–1897 EC). Une pièce remarquable de cette époque à ne pas manquer : une robe de mariée du XIXe siècle, avec des broderies de fleurs et d’oiseaux.

Robe de mariée ancienne coréenne (© Jonathan Dorado, Brooklyn Museum)
Robe de mariée. Coton, soie, papier, fil d’or. Corée. Dynastie Joseon, XIXe siècle. (© Jonathan Dorado, Brooklyn Museum)

Arts of Korea dévoile également comment les flux de populations et de marchandises ont contribué à façonner la culture matérielle en Asie et au-delà. Pour la plus grande partie de son histoire, la péninsule coréenne a été en communication avec ses voisins, donc « l’art coréen a influencé les arts en Chine et au Japon, tout autant qu’il a été influencé par ceux-ci », souligne Joan Cummins.

Les innovations technologiques de la Chine en matière de travail du bronze et de fabrication de porcelaine ont été adoptées par les artistes coréens et japonais. Les artistes chinois admirent « le bleu-vert céleste des poteries coréennes en céladon. La Corée semble être le pays qui a fait découvrir la poterie et la porcelaine au Japon », déclare Joan Cummins.

Une paire de boucles d’oreilles en or de l’époque des Trois Royaumes illustre parfaitement l’orfèvrerie coréenne. Ce bijou est également le fruit d’un échange d’idées internationales, un témoignage de la nature cosmopolite de l’ancienne société coréenne.

Paire de boucles d’oreilles en or minutieusement travaillé (© Sarah DeSantis, Brooklyn Museum)
Paire de boucles d’oreilles en or. Corée, période Silla, VIe siècle. (© Sarah DeSantis, Brooklyn Museum)

Datant de la période Silla (VIe siècle EC), les boucles d’oreilles « sont ornées de minuscules gouttes d’or, à l’aide d’une méthode qu’on appelle technique de la granulation. Cette technique est apparue en ancien Moyen-Orient et en ancienne Méditerranée, puis a migré vers l’est en passant par la route de la soie à travers l’Asie », explique Joan Cummins.

À travers cette exposition, le musée cherche à dévoiler le passé raffiné de la Corée.

« En allouant un grand et bel espace dédié à l’exposition de multiples objets coréens, on espère aider le public à différencier l’art de la Corée de celui des pays voisins. Pendant trop longtemps, on a traité l’art coréen comme une variante ou un sous-produit de l’art chinois et japonais alors qu’en fait, c’est un art distinct et exceptionnel. »