Mon pays vit-il au-dessus de ses moyens ? Combien d’argent consacre-t-il à l’emploi ? À l’éducation ? Au développement des infrastructures ?

Pour répondre à ces questions, la logique voudrait que l’on consulte le budget de l’État. Un document malheureusement bien souvent indigeste de par sa longueur, sa complexité et son vocabulaire technique.

Afin de rendre ces informations accessibles à monsieur Tout-le-monde, de plus en plus de pays africains se dotent de « budgets des citoyens ». « On en comptait six seulement, en 2012 ; en 2015, seize avaient été publiés », explique Babacar Sarr, de l’International Budget Partnership*, une organisation qui mesure le niveau de transparence dans les pays du monde entier.

Au Sénégal, le programme Sunu Budget a été lancé en janvier 2016.

Qu’est-ce qu’un budget des citoyens ?

Dans le cadre du projet Sunu budget, qui signifie « notre budget » en wolof, le budget de l’État a été traduit en sept langues. Il a également été simplifié et sera accessible au public en ligne.

L’Agence américaine pour le développement international (USAID) a parrainé Sunu budget, un projet né sous l’impulsion de la société civile et piloté par l’ONG 3D. « Le but était d’encourager la participation citoyenne », explique Aliou Kebé, de l’USAID. « On veut que la population considère que c’est son budget. »

Pourquoi est-il important de savoir comment l’argent public est dépensé ? Pour avoir des arguments lors d’un dialogue, il est important de pouvoir s’appuyer sur des références, fait-il remarquer. « Le budget des citoyens est un outil qui permet, par exemple, aux députés d’interroger le gouvernement et de mieux connaître leur rôle. »

Tout le monde y gagne

« La transparence fiscale réduit les possibilités de détourner les fonds publics sans être repéré, et elle augmente la probabilité que les auteurs de malversations seront tenus responsables de leurs actes », peut-on lire dans le communiqué publié par des pays et organisations lors du Sommet anti-corruption 2016 à Londres*.

Et ce n’est pas le seul avantage. D’après Babacar Sarr, « publier un budget citoyen est la façon la plus simple pour un État de faire passer le message au public que la gestion des finances publiques sera plus transparente et inclusive ».

Le niveau de transparence en Afrique subsaharienne s’est accru ces dernières années. L’indice OBI, l’index d’ouverture budgétaire publié chaque année par l’International Budget Partnership, y est passé de 31 % en 2012 à 39 % en 2015, en moyenne.

Le gouvernement sénégalais, lui aussi, a adhéré à l’initiative Sunu Budget. « Obtenir une bonne note au niveau de l’indice OBI permet de satisfaire les exigences de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine », indique Aliou Kébé. L’UEMOA encourage en effet ses pays membres à plus de transparence et elle recommande d’améliorer l’accès des populations à l’information budgétaire.

La transparence fiscale n’est certes pas le seul facteur nécessaire pour mettre fin à la corruption, mais c’est un­­e condition essentielle. Et au-delà de son pouvoir contre la corruption, elle permet aux gouvernements d’expliquer leurs choix et les compromis qu’ils impliquent : rien de tel pour entretenir une relation de confiance entre l’État et les citoyens.

 

*en anglais