
Construit sur le modèle des bateaux à voile des temps passés, le grand voilier Eagle de la Garde côtière des États-Unis parcourt la mer des Caraïbes pour sa saison de formation de l’été 2018*, avec des escales à la Barbade, en République dominicaine, à Curaçao, au Honduras et en Colombie.

Depuis 1946, ce trois-mâts est avant tout un navire-école de formation pour les cadets de la Garde côtière (USCG). Son autre mission est un rôle de relations publiques : parcourir le monde pour visiter d’autres pays et participer à des courses ou à d’autres événements avec de grands voiliers du monde entier.
« J’ai le meilleur travail de l’USCG », affirme Matt Meilstrup, capitaine de l’Eagle, par téléphone depuis le port de San Juan, à Porto Rico. Chaque année, Meilstrup est chargé de la formation de quelque 900 futurs officiers à bord de l’Eagle tandis que le grand voilier effectue des escales de courtoisie dans des ports du monde entier en signe de « bonne volonté ».
Enseigner les compétences de la navigation d’antan à des cadets de notre époque peut sembler étonnant, à l’heure des bateaux mécanisés et équipés des dernières technologies. Mais l’USCG, l’un des cinq corps des forces militaires américaines, reconnaît l’importance des leçons traditionnelles que les élèves officiers apprennent à bord de l’Eagle.
Voilier ambassadeur de bonne volonté
« Chaque fois que nous arrivons dans un port, nous invitons les gens à monter à bord pour visiter le navire, nous organisons des réceptions, nous partageons des histoires et nous apprenons à nous connaître », explique Rachel Hammond, une cadette de première classe (quatrième année) qui finira sa formation à l’académie de l’USCG l’année prochaine.
« Nous donnons la meilleure image possible. Nous expliquons au public ce qu’est la Garde côtière, ce que nous faisons, et ça facilite les futures interactions », ajoute le cadet de première classe Adam Wilhelm.
La Garde côtière joue un rôle important dans la protection des zones d’eaux côtières et des fonds marins sur une bande d’une certaine largeur le long du littoral appelée zone économique exclusive où, en vertu du droit international de la mer, le pays jouit du droit exclusif pour la pêche, le forage et d’autres activités économiques.
Avec son équipage, l’Eagle participera aux célébrations du 200e anniversaire du Chili cet été, et se joindra à l’ensemble des grands voiliers sud-américains qui naviguent actuellement le long des côtes du continent** et se retrouveront à des étapes clés, comme Curaçao entre le 15 et le 18 juillet.
« Nous nous réjouissons à l’idée de voir nos homologues voiliers qui font le même type de travail que l’Eagle à Curaçao », déclare Meilstrup. Et chaque fois que l’Eagle et son équipage arrivent dans un port étranger, « nous montrons un échantillon de l’Amérique », ajoute-t-il.
La meilleure façon d’apprendre, c’est la pratique

Les cadets apprennent à manier la barre en bois et en cuivre pour gouverner le voilier, à se diriger en utilisant la position du soleil et des étoiles ainsi qu’à manipuler une voilure d’une superficie de 6 800 m2 et près de 10 km de gréement, l’ensemble de cordages et de câbles servant à positionner les voiles et à maintenir les mâts. C’est différent de ce que les cadets apprennent en cours, explique Meilstrup. « Ici ils doivent agir. Ils agissent, on les laisse agir – parfois on les pousse à agir – de manière à les obliger à sortir leur zone de confort. Ils apprennent extrêmement rapidement et prennent confiance en eux. »
Hammond dit qu’elle en apprend beaucoup sur la confiance et le leadership en commandant les cadets subalternes à la barre du navire. « On ne peut pas se concentrer que sur une seule chose. On doit avoir une vue d’ensemble. Les officiers en charge ne peuvent pas être au courant de tous les détails à propos de tout, donc on doit faire confiance à notre équipage et avoir confiance qu’il fait ce qu’il faut pour que tout fonctionne bien. »
« C’est la navigation à l’ancienne. L’une des tâches principales à bord de l’Eagle, c’est de manipuler les voiles, et l’une des leçons les plus importantes, c’est qu’on ne peut pas le faire tout seul. Il n’y a pas une seule tâche à bord qu’on peut faire tout seul », affirme Wilhelm.
« Pour tout ce qu’on fait, il faut du travail d’équipe », conclut-il.
*en anglais
**en espagnol