Le régime iranien dépense des milliards pour limiter l’accès à internet

Des gens, de dos, assis devant des ordinateurs (© Ebrahim Noroozi/AP Images)
Le régime iranien continue de restreindre l’accès à internet pour les Iraniens comme ceux-ci, pris en photo ici dans un cyber-café de Téhéran, en 2013. (© Ebrahim Noroozi/AP Images)

Le régime iranien a investi au moins 4,5 milliards de dollars dans l’installation d’un réseau intranet national qui renforcerait davantage les restrictions sur l’accès à internet pour les Iraniens ordinaires.

Cela fait longtemps que le régime bloque des milliers de sites web. Mais désormais, le gouvernement cherche à accroître son contrôle sur la diffusion de contenu au moyen de son Réseau national d’information (RNI), un projet lancé dès 2005, indique Radio Farda.

Ce réseau national empêcherait les requêtes de données de sortir du pays et permettrait au gouvernement de censurer ce qui est publié.

Le secrétaire d’État des États-Unis, Michael R. Pompeo, encourage les sociétés technologiques américaines et étrangères à améliorer la libre circulation des informations à destination de la population iranienne, notant au passage qu’en 2019 le régime a bloqué l’internet pour dissimuler ses atrocités.

« Dans un effort visant à cacher les preuves des abus commis par le régime contre son propre peuple, l’Iran a imposé un verrouillage quasi total de l’accès à l’internet mondial en novembre dernier, et plongé presque la totalité de sa population de 80 millions de personnes dans l’obscurité numérique pendant une semaine au cours de laquelle les forces de l’ordre ont tué jusqu’à 1 500 personnes et en ont arrêté des milliers d’autres de manière arbitraire », dénonce M. Pompeo dans un communiqué du 20 mai.

Un homme dans la rue se couvrant la bouche et le nez (© AFP/Getty Images)
Un Iranien se couvre la bouche et le nez pour se protéger des gaz lacrymogènes lors d’une manifestation à Téhéran contre l’augmentation du prix de l’essence, le 16 novembre. (© AFP/Getty Images)

Le 15 novembre 2019, des manifestations ont éclaté contre la hausse des prix de l’essence. Elles ont rapidement évolué pour critiquer la mauvaise gestion du pays par le régime. Le verrouillage d’internet qui a suivi aurait coûté 300 millions de dollars à l’économie de l’Iran, a calculé NetBlocks, une organisation qui surveille la liberté d’internet dans le monde.

Tous les réseaux mobiles ont été déconnectés et le taux de connectivité enregistré par NetBlock est tombé à seulement 5 %*. Par contre, les citoyens avaient toujours accès l’intranet administré par l’État.

Le président Hassan Rohani a déclaré que le RNI, une fois terminé, permettra d’exclure les réseaux étrangers. Le régime prévoyait d’achever l’installation du RNI avant la fin de 2016, mais il n’a pas atteint son objectif. En outre, le gouvernement offre des avantages financiers aux Iraniens pour les inciter à utiliser le RNI au lieu d’internet.

Malgré les coupures fréquentes des services internet, les Iraniens parviennent à contourner la censure imposée par le régime en utilisant des navigateurs anonymes et des réseaux privés virtuels (VPN). Ces VPN seront bloqués une fois que le nouvel intranet sera généralisé, indique Radio Farda.

Le gouvernement des États-Unis soutient le droit des Iraniens à la libre circulation de l’information par le biais de mesures comme la General License D1, instaurée par le département du Trésor des États-Unis, et qui facilite l’utilisation des services de communication personnelle.

Dans son rapport intitulé « Freedom on the Net » et paru en novembre 2019, soit une semaine avant la panne générale d’internet provoquée par le régime iranien, l’organisation Freedom House plaçait l’Iran au dernier rang* de son classement de la liberté d’internet parmi les pays du Moyen-Orient. Et parmi l’ensemble des 67 pays évalués, seule la Chine arrive derrière l’Iran en matière de liberté d’internet. Le classement tient compte de l’accès à internet, de la limite des contenus et des violations des droits des utilisateurs.

 

*en anglais