Le régime iranien tente d’étouffer la commémoration du 40e jour des manifestations

Les États-Unis demandent que le régime iranien libère les membres de la famille d’un manifestant tué le mois dernier par les forces de sécurité iraniennes et à qui un hommage devait être rendu le 26 décembre.

Pouya Bakhtiari, 27 ans, est mort dans les bras de sa mère* d’une blessure par balle à la tête le 16 novembre à Karaj, à l’ouest de Téhéran, a rapporté Radio Farda. Le jeune homme et sa mère, Nahid Shirpisheh, s’étaient joints aux manifestations contre la corruption et la brutalité du régime iranien, la hausse du prix de l’essence en ayant été l’étincelle.

La tombe de Pouya Bakhtiari est encerclée par les forces de sécurité. L’entrée du cimetière est bloquée, la famille se voit intimer l’ordre de se disperser et plusieurs personnes sont arrêtées. Des hélicoptères survolent les lieux. Ses parents sont en prison.

Le 26 décembre marque 40 jours depuis le début des manifestations. C’est aussi un jour de deuil à la mémoire des manifestants qui ont payé de leur vie. Les parents du jeune homme et d’autres membres de sa famille avaient prévu d’ériger un mémorial en son honneur ce jour-là, mais les forces de sécurité du régime ont arrêté des membres de sa famille le 23.

« Les États-Unis dénoncent fermement l’arrestation des parents de Pouya Bakhtiari et demandent leur libération immédiate », a déclaré le secrétaire d’État Michael Pompeo dans un tweet le lendemain. « Le moment est venu où la communauté internationale doit se ranger aux côtés du peuple iranien et tenir le régime responsable de ses actes. »

Le régime iranien a coupé l’accès à internet le 16 novembre pour masquer la répression brutale des manifestations à travers le pays. Les forces du régime ont tué environ 1 500 Iraniens*, selon Reuters, y compris jusqu’à 100 personnes à Mahshahr, dans le sud-ouest du pays. NetBlocks, une ONG qui surveille l’accès à internet, a signalé une autre perturbation le 26 décembre en prévision d’une deuxième vague de manifestations en un mois.

L’arrestation de proches de Pouya Bakhtiari s’inscrit dans le droit fil du traitement inhumain que le régime inflige à la famille de ses victimes. Amnesty International rapporte que le gouvernement a refusé de restituer la dépouille de certaines victimes ou a exigé de se faire rembourser le coût de la balle utilisée pour les tuer.

Dans les jours qui ont précédé leur arrestation, les parents de Pouya Bakhtiari* se sont engagés à demander justice et à déposer une plainte pour identifier l’assassin de leur fils et ont dénoncé la brutalité du régime envers son propre peuple.

« S’ils avaient un problème avec les manifestations et qu’ils voulaient disperser la foule, ils auraient pu utiliser des gaz lacrymogènes ou tirer des balles en l’air », s’est indignée Nahid Shirpisheh dans un entretien avec le Center for Human Rights in Iran avant son arrestation. « Ils auraient pu au moins lui tirer dans la jambe. Pourquoi ont-ils visé la tête de mon fils ? »

 

*en anglais