Elles ont contribué à former l’élite noire. Au début du XXè siècle, les universités afro-américaines voient apparaître certaines des premières fraternités (clubs masculins) et sororités (clubs féminins) des « Divine Nine » : neuf organisations d’étudiants noirs, dédiées à la culture du leadership et de l’excellence académique. De grands noms de la politique, des droits civiques et du sport en sortiront, tels Martin Luther King et Michael Jordan.
Ces organisations noires existent toujours sur les campus américains. Un des éléments qui les distingue, c’est la pratique d’une danse : le stepping.
« C’est souvent comme ça que les gens nous reconnaissent », explique Lawrence Ross, auteur du livre The Divine Nine: The History of African American Fraternities and Sororities. « C’est la partie visible de notre identité et de nos activités. »

Dans le stepping, les danseurs exécutent une série de mouvements synchronisés tout en récitant des phrases simultanément. L’origine remonte à des traditions d’esclaves et à des danses tribales. Puis le style a évolué au fil de l’histoire. Après la Seconde guerre mondiale, les anciens combattants noirs ont introduit des mouvements tirés d’exercices militaires. À cela sont venues s’ajouter des choréographies sur des airs de Motown et d’autres influencées par le breakdancing.
« Ça s’est développé à partir du rite d’initiation », raconte Elizabeth Fine, auteur du livre Soulstepping: African American Step Shows. « Les nouveaux membres devaient prouver leur unité et leur loyauté à la fraternité ou à la sororité en marchant au pas dans le campus, tous habillés de la même façon. »

Les débuts du stepping remontent aux années 1920. Mais c’est à partir des années 1960 que la forme artistique prend son envol, au-delà des fraternités noires, quand des Afro-Américains commencent à fréquenter des écoles blanches. Dans les années 1980, le stepping explose dans toute l’Amérique. On le retrouve dans des films de Hollywood et même à l’ouverture des Jeux olympiques d’Été d’Atlanta en 1996.
Aujourd’hui, on peut assister à des spectacles de stepping dans le monde entier, de la Corée du Sud à l’Afrique du Sud. Récemment, des mannequins ont même reproduit quelques pas de step sur le podium lors d’un défilé de mode à Paris.
Le stepping permet aux fraternités et sororités noires d’entretenir un lien avec leur identité d’origine. C’est aussi une manière pour les membres de faire du mentorat auprès des jeunes et de participer à des activités bénévoles : un effort de solidarité qui correspond on ne peut mieux aux idéaux des Divine Nine.
« Les membres organisent des spectacles de step pour recueillir des fonds destinés à des boursiers ou d’autres bonnes causes, explique Elizabeth Fine. C’est un moyen de contribuer à la vie de la collectivité, un des principes phares des fraternités et sororités afro-américaines. »