Le Jefferson Memorial, qui fêtera ses 80 ans le 13 avril, est l’un des sites incontournables d’une visite à Washington. Mais des mesures s’imposent pour que ce monument, dédié au troisième président des États-Unis et principal auteur de la Déclaration d’indépendance, reste accessible au public pendant bien des années encore.
Il est en effet situé sur les bords du Tidal Basin, un point d’eau aménagé à proximité de la grande esplanade de Washington, le National Mall. Mais du fait de l’élévation du niveau de la mer, les allées sont fréquemment inondées. Qui plus est, le terrain s’affaisse sous l’effet des surcharges liées à la circulation. Par endroits, les allées sont devenues si étroites que les piétons sont obligés de marcher sur l’herbe, quitte à piétiner les racines des arbres.
Cette destination populaire, pour les habitants de la ville comme pour les touristes, attire toujours des foules énormes au printemps lorsque ses cerisiers – un cadeau du Japon aux États-Unis – sont en fleur. Comment donc la protéger ?
« Un espace civique sacré »
Au fil des 80 dernières années, le Tidal Basin et le National Mall ont fini par revêtir l’image d’un « paysage national hautement symbolique, un espace civique sacré », explique Teresa Durkin, directrice de projet pour le Trust for the National Mall. Mais « ce paysage est fragile et vulnérable ».
Confronté à la montée des eaux, le National Park Service* (NPS) entreprend de réparer la digue qui entoure le Tidal Basin. Coût du chantier : 5,7 millions de dollars. Il s’agit non seulement de résoudre le problème immédiat, mais aussi de tenir compte de la montée des eaux « dans la perspective des 25, 50, 75 années à venir », précise Mike Litterst, porte-parole du NPS. Les travaux commenceront à la fin de l’année 2023.
Les problèmes sont d’une telle ampleur que le NPS a décidé de faire appel à deux organisations de préservation du patrimoine, le National Trust for Historic Preservation et le Trust for the National Mall, pour rechercher des solutions innovantes capables de s’inscrire dans la durée : telle est la mission du Tidal Basin Ideas Lab, le nom donné à ce projet.
Le « labo d’idées » a demandé à cinq cabinets d’architectes paysagistes de lui soumettre des propositions devant permettre de relever les défis écologiques, de reconstruire les infrastructures obsolètes et d’élaborer des lignes directrices pour la mise en œuvre des changements.

Plusieurs options
Les cinq cabinets envisagent des solutions différentes :
- Hood Design Studio, situé à Oakland (Californie), recommande d’accepter l’élévation du niveau de la mer dans la région et de reconstruire l’écologie urbaine. « Laissez circuler l’eau », conseille-t-il. « Acceptez de vivre dans une zone humide au lieu de l’assécher. »
- La société new-yorkaise James Corner Field Operations propose trois options, dont l’une permettrait aux visiteurs d’observer les monuments et le cycle naturel d’inondation en se tenant sur une passerelle circulaire surélevée.
- Le cabinet GGN, basé à Seattle, préconise des changements modestes qui donneraient le temps de s’adapter à l’évolution des circonstances et suggère d’introduire de nouvelles forêts de plaine inondable qui « ralentiraient les eaux de crue tout en s’intégrant à l’esthétique de la capitale nationale » et en préservant les institutions culturelles situées à proximité.
- Reed Hilderbrand, de Cambridge (Massachusetts), préconise le développement « discipliné » d’un vaste complexe récréatif, y compris « la migration harmonieuse des personnes, des plantes et des animaux – en particulier des cerisiers – vers des terres fertiles ».
- Le cabinet new-yorkais DLANDstudio conseille de créer de nouvelles zones humides et des murs verts pour absorber la montée des eaux, et de déplacer les cerisiers et les monuments à la mémoire de Franklin D. Roosevelt et de Martin Luther King Jr. situés à proximité, pour mieux les protéger.

Selon les estimations du « labo d’idées », 500 millions de dollars de travaux d’amélioration pourraient se révéler nécessaires pour que la zone du Tidal Basin reste accessible aux générations futures. Le Service national des parcs invitera le public à réagir aux propositions et à collaborer à de nouvelles façons d’interpréter le Jefferson Memorial et d’accroître encore son attrait pour les visiteurs.
*en anglais