La bataille électorale bat son plein à quelques mois de la présidentielle américaine. Les partis sont à pied d’œuvre pour faire gagner à leur candidat le plus de voix possible. Un incontournable : comprendre l’évolution de la composition et des opinions de l’électorat. Et ce qu’ils constatent, c’est que le vote des immigrés est de plus en plus influent.
Gabriel Sanchez travaille pour Latino Decisions, un cabinet spécialisé dans la recherche sur les opinions politiques. Pour lui, tout est une affaire de chiffres. Selon le recensement* de 2014, environ 20 millions d’électeurs sont des immigrés. Autrement dit, pratiquement un électeur américain sur 10.
Dans les États indécis, ces fameux « swing states » très disputés et qui peuvent faire basculer l’élection, le vote des immigrés pourrait être crucial. Ce sera le cas, par exemple, du Colorado, de la Floride et du Nevada, assure Gabriel Sanchez.

À l’image du nombre croissant des électeurs immigrés, l’électorat de 2016 sera le plus diversifié aux plans racial et ethnique* de l’histoire des États-Unis. Près de 31 % des électeurs seront Hispaniques, Noirs, Asiatiques ou issus d’une autre minorité raciale ou ethnique : deux points de pourcentage de plus qu’en 2012, indique le Pew Research Center.
Une information non négligeable puisque les citoyens américains d’origine étrangère se déplacent plus volontiers aux urnes que les Américains de souche.

Autre détail pris en compte par les grands partis quand ils recrutent un candidat : ses racines. D’après Sanchez, on observe « une hausse faible, mais importante, de l’implication des immigrés latinos quand les candidats en lice ont des origines semblables aux leurs ».
Pour les immigrés asiatico-américains et latinos, ajoute-t-il, « il est très important que les informations politiques soient disponibles dans leur langue, et c’est une chose à laquelle les deux partis et les campagnes semblent faire plus attention ».
Lucie Hutchins, originaire du Cameroun, est venue habiter dans le Maine en 1998. Elle n’a pas tout de suite cherché à obtenir la citoyenneté américaine. Comme beaucoup d’immigrants africains, elle hésitait à voter parce que, pour elle, la politique était synonyme de violence et de corruption, rapporte la radio Public Radio International*. Mais en 2008, Lucie s’est décidée à se faire naturaliser : elle voulait pouvoir voter pour Barack Obama et élire le premier président afro-américain des États-Unis.
Les élections reposent sur des chiffres. Et dans le scrutin de 2016, les candidats le savent : la voie vers la victoire passera incontestablement par le vote des nouveaux citoyens de l’Amérique.
*en anglais