Les Américains rendent hommage au poète ukrainien Chevtchenko

Statue de Taras Chevtchenko devant des arbres (Bibliothèque du Congrès/Carol M. Highsmith)
Statue du poète ukrainien Taras Chevtchenko, à Washington. (Bibliothèque du Congrès/Carol M. Highsmith)

Taras Chevtchenko est une figure révérée en Ukraine, tant pour sa poésie que ses tableaux et son amour du pays.

Il a également passé de nombreuses années en prison pour avoir œuvré en faveur de la souveraineté ukrainienne en Russie tsariste.

En 1960, le Congrès des États-Unis a adopté une loi appelant à la création d’une statue de Chevtchenko à Washington pour commémorer le 150e anniversaire de la naissance de ce poète et combattant de la liberté. Elle a été promulguée par le président Dwight D. Eisenhower qui, quatre ans plus tard, était présent à l’inauguration de la statue, située à moins de deux kilomètres de la Maison Blanche, la résidence présidentielle qu’il avait déjà quittée à la fin de deux mandats.

« Vous êtes venus par milliers de tout le territoire des États-Unis ; vous êtes venus du Canada, de l’Amérique latine et d’Europe, et de très loin, d’Australie, pour honorer la mémoire d’un poète qui a exprimé avec tant d’éloquence la détermination sans fin de l’Homme à lutter pour la liberté et sa foi indéfectible dans la victoire ultime », avait déclaré Eisenhower aux personnes réunies pour rendre hommage à Chevtchenko.

Une réputation de « combattant »

L’inscription sur cette statue en bronze précise qu’elle est « Dédiée à la libération, à la liberté et à l’indépendance de toutes les Nations captives ». La statue est entretenue par l’U.S National Park Service.

Le président Lyndon Johnson a fait l’éloge du leader ukrainien lors de l’inauguration de sa statue en 1964. Il a qualifié Chevtchenko de « combattant » pour les droits et la liberté de l’Homme.

« Chevtchenko mérite bien les hommages qui lui sont rendus », a souligné Lyndon Johnson. « Il était plus qu’Ukrainien, il était un homme d’État et un citoyen du monde. »

Portrait de Chevtchenko à côté de quatre vers de sa poésie (Département d’État/M. Gregory. Image: © Natali Li/Shutterstock.com. Background: © Lukasz Szwaj/Shutterstock.com)
(Département d’État/M. Gregory)

Chevtchenko (1814–1861) est considéré comme le fondateur de la littérature ukrainienne moderne et celui qui a donné une voix à la conscience du pays. Il était poète, peintre et symbole de libération.

Né serf, il perd ses parents à l’âge de onze ans. Mais des membres de l’intelligentsia, ayant reconnu ses talents artistiques, l’aident à acheter sa liberté en 1838.

Ses poèmes décrivent les difficultés que connaissent les Ukrainiens, et en particulier le sort des travailleurs et des paysans. Son premier recueil de poèmes, Kobzar, est publié en 1840.

Les œuvres de Chevtchenko inspirent chez les Ukrainiens un rêve de liberté qui suscite la colère des censeurs russes.

Lorsqu’il décrit l’oppression des Ukrainiens par les tsars de Russie, les autorités censurent ses écrits. Seuls quelques-uns de ses poèmes sont publiés de son vivant. La Russie interdit l’usage de la langue ukrainienne.

Une aquarelle d’un homme marchant sur un chemin à côté d’une petite bâtisse avec, à l’arrière-plan, un grand mur et un bâtiment imposant (© Fine Art Images/Heritage Images/Getty Images)
Une exposition des œuvres de Chevtchenko à New York, en 2014, comprenait le tableau peint en 1846 intitulé « Monastère de Potchaïv vu du sud ». (© Fine Art Images/Heritage Images/Getty Images)

« L’histoire de ma vie fait partie de l’histoire de ma patrie », écrit Chevtchenko.

Pour supprimer les œuvres de Chevtchenko, les autorités russes ordonnent son arrestation, puis son exil sans aucun procès, et l’enrôlent de force dans l’armée en 1847. Ce n’est que dix ans plus tard qu’il est remis en liberté, mais le tsar Nicolas Ier lui interdit de reprendre  l’écriture et la peinture.

Qualifiant son exil de « prison sans portes », Chevtchenko continue de rédiger et de peindre malgré l’interdiction. Après son retour d’exil, en 1857, il crée quelques-uns de ses plus beaux paysages et portraits.

En 1859, Chevtchenko obtient l’autorisation de se rendre en Ukraine. Mais il est arrêté pour blasphème et envoyé à Saint-Pétersbourg, où il mourra à l’âge de 47 ans. Il est enterré sur la colline de Chernecha (appelée aujourd’hui colline de Taras) le long du fleuve Dniepr, près de Kaniv, en Ukraine.

Des villes américaines rendent hommage à Dniepr

Tous les ans en mars, les Ukrainiens fêtent la vie de Chevtchenko. Aux États-Unis, les hommages à ce grand artiste sont nombreux et variés.

À New York, une rue dans l’East Village, non loin du Musée ukrainien, est appelée place Taras Chevtchenko. En 2014, le musée a organisé une exposition à l’occasion du 200e anniversaire de la naissance de Chevtchenko, intitulée Taras Shevchenko: Poet, Artist, Icon. Et non loin de la place Taras Chevtchenko se trouvent l’Église ukrainienne Saint-Georges, le Club sportif ukrainien et plusieurs restaurants ukrainiens.

Parmi les autres hommages rendus à Chevtchenko aux États-Unis, on note :

  • un buste en bronze dans le jardin ukrainien* des Cleveland Cultural Gardens, dans l’Ohio ;
  • une terre cuite peinte* de son effigie par l’artiste américain ukrainien Alexander Archipenko au Detroit Institute of Art ;
  • le concert virtuel* organisé l’an dernier par l’Ukrainian American Cultural Center, au New Jersey, en l’honneur de Chevtchenko et de Lesya Ukrainka, considérée comme la pionnière du mouvement féministe ukrainien ;
  • le petit parc* baptisé en son nom à Philadelphie ;
  • et l’exposition de 2016* organisée par la House of Ukraine à San Diego.

En outre, la Bibliothèque du Congrès à Washington, la plus grande du monde, renferme de nombreuses œuvres et réalisations de Taras Chevtchenko.

Une citation de Chevtchenko, inscrite sur le pilier central de l’Ukrainian Room, à la Cathedral of Learning de l’université de Pittsburgh, proclame : « Apprenez mes frères ! Réfléchissez et lisez … Découvrez des pensées étrangères, mais ne rejetez pas votre pays. »

Une salle avec des boiseries aux murs, au plafond et au sol, avec du mobilier en bois et une cheminée recouverte de carreaux en porcelaine (© Nagel Photography/Shutterstock.com)
Une citation de Taras Chevtchenko inscrite dans la Salle ukrainienne à la Cathedral of Learning de l’université de Pittsburgh. (© Nagel Photography/Shutterstock.com)

*en anglais