Les athlètes asiatiques américains triomphants inspirent les superstars de demain

Photo en noir et blanc de trois enfants en train de jouer au basket (© Barry Chin/The Boston Globe/Getty Images)
Tie Yang Huang, 13 ans, Won Go, 16 ans, et Gary Tam, 12 ans, jouent au basket un jour d’été en 1987. De plus en plus de superstars américaines d’origine asiatique, dont le basketteur Jeremy Lin, ont inspiré les enfants américains d’ascendance asiatique à aimer le sport et même à poursuivre sérieusement des carrières dans ce domaine. (© Barry Chin/The Boston Globe/Getty Images)

Qu’ils dévalent des pistes de montagne, passent le ballon ou réalisent des sauts compliqués, les Américains d’origine asiatique excellent dans le sport.

« Les Américains d’origine asiatique pratiquent de nombreux sports, qu’il s’agisse des sports traditionnels – basketball, football et baseball – ou de bien d’autres, tant collectifs qu’individuels », fait remarquer Stan Thangaraj, professeur d’anthropologie, d’études sur le genre et d’études internationales au City College de New York. Ces athlètes trouvent de nouveaux points d’entrée dans le sport, ajoute-t-il, parfois au travers de l’admiration qu’ils portent à des mentors superstars de même origine qu’eux.

Chloe Kim, levant les bras et fermant les yeux, à la fin de son parcours (© Lee Jin-man/AP Images)
La snowboardeuse américaine Chloe Kim lors de la finale de halfpipe féminin aux Jeux olympiques d’hiver de 2022 (© Lee Jin-man/AP Images)

Parmi ces modèles figurent les récents champions olympiques américains d’origine asiatique. Aux Jeux d’hiver de 2022, la snowboardeuse Chloe Kim (dont les parents sont nés en Corée du Sud) a remporté sa deuxième médaille d’or en halfpipe à seulement 21 ans, et le patineur artistique Nathan Chen (dont les parents ont immigré de Chine) a décroché l’or.

Nathan Chen, les bras levés, portant le drapeau américain derrière lui comme une cape (© Jae C. Hong/AP Images)
Le médaillé d’or Nathan Chen savoure le moment après son programme de patinage libre lors de l’épreuve de patinage artistique masculin des Jeux d’hiver de 2022. (© Jae C. Hong/AP Images)

Aux Jeux olympiques d’été de 2020 (tenus en 2021), lorsque la gymnaste Simone Biles a déclaré forfait, Sunisa Lee (dont la mère et le beau-père d’origine hmong ont immigré du Laos aux États-Unis) a pris la relève et été sacrée championne olympique du concours général de gymnastique. Et la volleyeuse Justine Wong-Orantes (qui a des origines chinoises du côté de sa mère) a aidé son équipe à remporter une médaille d’or.

Justine Wong-Orantes, souriante, et Haleigh Washington se sautant dans les bras (© Manu Fernandez/AP Images)
La joueuse de volley Justine Wong-Orantes (à gauche) saute dans les bras de sa coéquipière Haleigh Washington après la victoire de leur équipe face à la Serbie lors d’un match de demi-finale aux Jeux olympiques d’été de 2020, tenus en août 2021. (© Manu Fernandez/AP Images)

« Les gens pensent qu’on commence juste à percer », se désole Constancio Arnaldo, professeur adjoint d’études interdisciplinaires, de genre et ethniques à l’université du Nevada, à Las Vegas, et Philippin Américain de deuxième génération. Mais la présence des Américains d’origine asiatique dans le monde du sport remonte à l’époque coloniale, explique-t-il. Aux Philippines, par exemple, les Américains ont construit des YMCA et encouragé le sport. Ce n’est pas une coïncidence si la ligue de basket des Philippines est, après la NBA, la ligue professionnelle de basket la plus ancienne du monde, souligne-t-il.

Cinq fillettes posant sur un terrain de jeu en gazon, dont une tenant un ballon de foot sous son pied (© Istvan Lettang/Future Publishing/Getty Images)
Zoe Bosanic, 12 ans (au centre), est née sans bras en Chine et a été adoptée par un couple d’Américains. Elle participe à des compétitions de karaté, de danse et de foot. Ce ne sont pas les athlètes américains d’origine asiatique qui manquent pour servir de modèles à Zoe et à ses amies. (© Istvan Lettang/Future Publishing/Getty Images)

M. Arnaldo, qui pratiquait des sports d’équipe lorsqu’il était enfant, estime que le sport est un vecteur de bien-être et renforce le sentiment d’appartenance, que ce soit à une équipe, à un groupe démographique ou, dans le cas des Jeux olympiques, à un pays. « Le sport est un moyen de s’intégrer dans le tissu national américain », affirme-t-il.

La présence d’un plus grand nombre d’Américains d’origine asiatique dans les compétitions de haut niveau a des conséquences pratiques : il y a davantage d’adultes qui peuvent guider la prochaine génération de vedettes du sport, davantage de ligues pour les encourager et même davantage de possibilités de réseautage pour celles et ceux qui font carrière dans le sport professionnel, explique M. Thangaraj. Chloe Kim, les stars du patinage Michelle Kwan et Apolo Anton Ohno, et le basketteur Jeremy Lin ont touché des jeunes du monde entier grâce aux programmes du département d’État* visant à promouvoir la pratique du sport.

L’image qui colle aux Américains d’origine asiatique est celle de « minorités modèles », intellectuelles, pas douées physiquement ; les femmes sont censées être délicates et extrêmement féminines, et les hommes, pas très masculins, dénonce M. Arnaldo.

Sunisa Lee devant les anneaux olympiques en train d’embrasser sa médaille d’or (© Gregory Bull/AP Images)
Sunisa Lee a remporté la médaille d’or de la finale du concours général féminin de gymnastique artistique aux Jeux olympiques d’été de 2020, organisés en 2021. (© Gregory Bull/AP Images)

Mais à l’image des pionniers de la première heure, les récents athlètes olympiques s’efforcent de démonter ces stéréotypes et de faire comprendre que les Américains d’origine asiatique sont des personnes plus complexes et plus nuancées, explique M. Arnaldo. Le basketteur Jeremy Lin, dont les parents ont immigré de Taïwan aux États-Unis et qui a mené les Knicks de New York de la NBA à une surprenante série de victoires en 2012, a confié au New York Times qu’il a développé son goût pour le sport en réaction au cliché selon lequel les Américains d’origine asiatique sont réservés ou passifs : « Pour moi, jouer au basket au plus haut niveau va être beaucoup plus parlant que les mots. »

Les stars d’aujourd’hui marchent sur les traces de nombreux pionniers américains d’origine asiatique :

  • La plongeuse Victoria Manalo Draves, dont le père était philippin, a été la première championne olympique américaine d’origine asiatique, remportant des médailles d’or au tremplin et à la plate-forme en 1948. Un autre plongeur, Sammy Lee, d’origine sud-coréenne, a également remporté une médaille d’or en plongeon à la plate-forme lors de ces mêmes Jeux olympiques.
  • Kristi Yamaguchi, dont les grands-parents paternels et maternels étaient japonais, a dominé la scène du patinage artistique dans la lignée d’autres stars américaines d’origine asiatique. Elle a remporté l’or olympique en 1992.
  • La patineuse artistique Michelle Kwan, dont les parents sont des immigrants chinois de Hong Kong, a été cinq fois championne du monde et deux fois médaillée olympique, décrochant l’argent en 1998 et le bronze en 2002.
  • Apolo Anton Ohno, qui a été élevé par son père d’origine japonaise à Seattle, a raflé huit médailles olympiques en patinage de vitesse de 2002 à 2010.
  • Tiger Woods, dont la mère est d’origine thaïlandaise et chinoise et dont le père est en partie chinois, est sans doute l’un des plus grands golfeurs de tous les temps.
  • Hines Ward, dont la mère est originaire de Corée du Sud, a joué dans l’équipe de football américain des Steelers de Pittsburgh pendant 14 saisons.
  • En 2012, Jeremy Lin a déclenché une telle ferveur chez ses fans qu’un mot-valise a vu le jour : « Linsanity » (jeu de mots entre « Lin » et « insanity », folie). Il faut dire qu’il avait mené l’équipe des Knicks de New York à une série de sept victoires d’autant plus surprenantes qu’elles enchaînaient sur une série de défaites.

« La société a toujours essayé de dire que les Asiatiques ne peuvent pas faire ceci, les Asiatiques ne peuvent pas faire cela. On parle du “plafond de bambou” », a-t-il déclaré récemment sur le plateau de la NBC.

« Ce que ce moment a signifié pour moi, c’était simplement d’être capable de concourir sur le même terrain, dans la même arène. Et puis de vaincre et de surmonter et de gagner. C’est de ça que je suis vraiment fier », a-t-il ajouté.

Jeremy Lin, le ballon dans une main, bondissant entre deux défenseurs (© Morry Gash/AP Images)
Jeremy Lin, des Knicks de New York, entre deux joueurs des Milwaukee Bucks, s’est imposé dans la NBA au printemps 2012. (© Morry Gash/AP Images)

De l’avis de M. Thangaraj, auteur d’un livre sur les basketteurs américains d’origine asiatique, Lin a été une figure marquante qui a inspiré les athlètes et changé la façon dont les Américains d’origine asiatique sont perçus. (M. Thangaraj a passé sa jeunesse entre l’Inde, où il jouait au cricket, et les États-Unis, où il jouait au basket et au baseball.)

« C’est quelque chose qu’on s’est empressé d’applaudir, dit-il à propos de Linsanity. Avant, être cool, ce n’était pas une image qu’on associait aux Américains d’origine asiatique. C’était formidable. »

 

*en anglais