
« N’aimons-nous pas avec des paroles et avec de beaux discours, mais avec des actes. Ces actes montrent que notre amour est vrai. »
Le président Obama* a cité la Bible pour décrire ce qui est nécessaire pour apaiser les divisions raciales aux États-Unis. Il a lu un extrait de la première lettre de Saint-Jean lors de la cérémonie du 12 juillet en hommage aux cinq policiers tués à Dallas.
Mais combler les divisions raciales est un véritable défi.
Beaucoup d’Américains en quête de spiritualité se tournent vers la religion. Pourtant, selon un rapport de 2015 de LifeWay Research, 86 % des pasteurs protestants ont déclaré que les membres de leur congrégation sont soit noirs soit blancs, ce qui signifie que les personnes de différentes origines ethniques n’ont pas l’occasion de se rencontrer et de dialoguer.
Les choses n’ont pas beaucoup changé depuis 1963, année où le célèbre militant des droits civiques Martin Luther King a qualifié la messe du dimanche matin à 11 h de « moment de ségrégation ultime dans tout le pays ».
On s’inquiète que les récentes violences attisent les divisions raciales
Ces dernières semaines ont été tumultueuses en Amérique.
Le 7 juillet, un homme noir armé a pris pour cible et abattu cinq policiers à Dallas. Le tireur a déclaré qu’il visait des policiers blancs.
Cette fusillade a eu lieu la même semaine où deux Noirs américains sont morts sous les balles de deux policiers blancs lors de deux interventions distinctes en Louisiane et au Minnesota.
Après ces tragédies, les gens s’interrogent sur l’état des relations entre les communautés aux États-Unis.
« Au lieu de blâmer les uns ou les autres, nous devons comprendre pourquoi tant d’officiers de police sont si stressés dans le cadre de leur travail et pourquoi tant de Noirs américains se sentent ciblés par la police », déclare Curt Harlow, pasteur à l’église Bayside de Sacramento, en Californie. Il ajoute que sa congrégation accueille des membres de la communauté noire et de la communauté blanche, et leur offre un espace de dialogue ouvert.
Percell Duckett est pasteur à l’église Ross Road à Memphis, Tennessee, dont les membres sont aussi bien noirs que blancs.
« Récemment, des gens manifestaient pour le mouvement Black Lives Matter – ce que j’appelais créer un brin de désobéissance civile. Et beaucoup de monde se demande pourquoi ils font ça », dit le pasteur.
Si plus de blancs allaient à l’église avec des noirs, ils entendraient des parents exprimer leur peur de voir leurs enfants se faire tuer par des policiers pour de simples infractions de la route, explique Percell Duckett.
Susan Newman Moore, pasteur à l’église All Souls à Washington, sait que le nom de « Black Lives Matter » (la vie des noirs compte) dérange certaines personnes. Les critiques disent que le nom devrait être « All Lives Matter » (toutes les vies comptent), dit-elle.
Ce qu’elle dit aux membres de son église ouverte à tous, c’est que le mouvement Black Lives Matter est tout comme un parent avec ses enfants.
« On aime tous nos enfants. Mais si l’un de nos enfants tombe très malade et doit aller aux urgences, cet enfant malade aura toute notre attention jusqu’à ce qu’il aille mieux. Aujourd’hui en Amérique, la vie des noirs est aux urgences », déclare-t-elle.
La communauté religieuse peut aider à apaiser les divisions
Traci Blackmon est Révérende à l’église unie Christ the King à Florissant, au Missouri.
« L’intégration, la diversité, c’est une bonne chose », a-t-elle déclarée à la Voix de l’Amérique. « Mais les églises – peu importe que leurs membres soient quasiment tous noirs, ou quasiment tous blancs – ont un rôle à jouer de par leur statut moral et religieux. »
« Ce n’est pas spécifique au christianisme, on retrouve cet appel à aider les personnes en difficulté dans le Coran et le Talmud », souligne-t-elle. Ces livres sacrés contiennent les enseignements pour la religion musulmane et la religion juive, respectivement.
Certaines églises dont la quasi-totalité des membres est issue de la communauté noire essaient de les mettre en contact avec des membres des autres communautés, et vice versa.
Dans le comté de Hill, en Géorgie, les membres majoritairement blancs de l’église baptiste Air Line vont se rendre à l’église baptiste St John, où les membres sont surtout noirs, pour la messe du dimanche.
Les pasteurs des deux églises n’ont pas l’intention de discuter de ce qu’ils ressentent quant aux récents événements.
« Je pense qu’on a trop souvent tendance à ne pas s’écouter les uns les autres dans ces circonstances. Ça m’est déjà arrivé… de ne pas écouter l’opinion des autres et de penser seulement à ce que j’allais dire », dit Scott Moore, pasteur à l’église baptiste Air Line.
*en anglais