Les médias d’État, une arme politique des dirigeants russes

Un homme portant un casque dans un studio (© Shutterstock.com)
Les radios et télévisions russes contrôlées par l’État présentent une version pro-Kremlin de l’actualité. (© Shutterstock.com)

Pour les médias sous le contrôle de l’État russe, cacher la vérité est chose courante. En revanche, ils ne cachent pas leur soutien aux politiques du président Vladimir Poutine.

Plutôt que d’informer le public et de tenir le gouvernement responsable de ses actes, les radios et les chaînes de télévision russes présentent une version pro-Kremlin de l’actualité. Quand la couverture de la presse étrangère est défavorable aux leaders ou aux politiques de Moscou, les médias d’État russes ont recours à la désinformation pour influencer l’opinion publique.

RT (anciennement appelée Russia Today) et Sputnik sont les principaux organes médiatiques de Russie qui produisent du contenu à l’intention d’un public non russophone à l’étranger. Bien qu’ils se comparent aux médias indépendants, ces deux organes russes soutiennent la position de Moscou et ne critiquent ni les hauts responsables ni la politique du pays.

« La chaîne est financée par le gouvernement, donc elle ne peut que refléter la position officielle du gouvernement russe sur les événements dans notre pays et dans le reste du monde, d’une façon ou d’une autre », a déclaré le président Poutine au sujet de RT, en 2013.

L’influence du Kremlin sur les médias financés par l’État russe

En Russie, les médias d’État sont supervisés par des fonctionnaires ou des personnes fidèles à Vladimir Poutine, ou les deux à la fois. Et ces organes de presse russes sont loin d’être des médias libres et indépendants. En même temps, le Kremlin oblige les médias russes indépendants à fermer, les qualifiant d’« agents de l’étranger » et d’organisations « indésirables » ; il interdit leurs activités et donnent aux médias d’État un contrôle quasi-total sur ce qu’ils diffusent.

Aleksey Gromov, le premier directeur adjoint du cabinet de M. Poutine, est dit être chargé de l’appareil médiatique du Kremlin. Sa protégée, Margarita Simonyan, est éditrice en chef de RT et de Rossiya Segodnya, la société mère de Sputnik. Les États-Unis ont sanctionné M. Gromov en raison de son ingérence dans les élections américaines et de son rôle lors de l’invasion de l’Ukraine en 2014.

Les médias financés par le Kremlin propagent fréquemment de la désinformation par le biais de reportages fallacieux pour tenter de miner les démocraties ou les points de vue auxquels s’oppose le Kremlin. Des responsables, actuellement dans le gouvernement et d’autres qui n’en font plus partie, exercent une influence considérable sur le choix du personnel des médias d’État et de leur couverture des événements.

RT et Sputnik reprennent toutes les deux des informations publiées sur des sites Web intermédiaires qui ont des liens avec des agences du renseignement russe.

Une étude de 2021 menée par l’université d’Oxford et basée sur des entretiens anonymes avec d’anciens ou d’actuels membres du personnel de RT a révélé que des responsables gouvernementaux embauchaient les managers des stations et décidaient de l’angle des reportages.

Voici d’autres exemples de l’influence du Kremlin sur les médias financés par l’État :

  • Un ancien correspondant de Sputnik à la Maison Blanche a déclaré qu’un superviseur exigeait d’approuver toutes les questions qu’il poserait au secrétaire de presse du président.
  • Des reporters de RT se sont rendus au Belarus pour remplacer les journalistes locaux d’un organe médiatique de l’État qui avaient démissionné en réaction à l’élection frauduleuse d’Alexandre Loukachenko en août 2020.
  • Un Allemand, qui travaillait à l’époque à RT, a indiqué que son employeur lui avait donné l’ordre d’espionner Alexeï Navalny quand celui-ci était en convalescence dans un hôpital de Berlin à la suite d’une tentative d’assassinat.
  • La Compagnie d’État panrusse de télévision et de radiodiffusion a congédié, en novembre 2021, des employés qui avaient exprimé des opinions contraires au point de vue du gouvernement.

Pour en savoir plus sur ces exemples et d’autres encore de la désinformation financée par le Kremlin, consultez ce nouveau rapport* (PDF 4,3 Mo) du Global Engagement Center du département d’État. Rendez-vous sur son site pour lire son rapport de 2021* afin d’avoir plus d’informations sur l’écosystème russe de désinformation et de propagande.

 

*en anglais