Quand les États-Unis et le Canada ont établi le premier « parc international de la paix » du monde dans les Rocheuses, en 1932, les deux voisins et amis ont créé un symbole de bonne volonté que d’autres pays cherchent à calquer aujourd’hui.
Ce symbole d’une superficie de 457 600 hectares, c’est le parc international de la paix Waterton-Glacier, qui chevauche l’État du Montana, aux États-Unis, et la province canadienne d’Alberta. Un modèle du genre, qui a motivé des gens dans le monde entier à préserver des rivières, des forêts, des montagnes et des aires à l’état naturel qui traversent plus de 200 frontières, dont certaines dans des zones âprement contestées.

Parmi ces aires protégées, une bonne dizaine seulement sont appelées parcs internationaux de la paix, mais des organisations de défense de l’environnement, telle l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), travaillent sans relâche pour protéger ces merveilles de la nature. Dans les années 1990, Nelson Mandela lui-même avait été la force motrice de la création de plusieurs zones protégées transnationales en Afrique australe, un geste pour contribuer à atténuer la fracture coloniale.
« Dans un monde assiégé par les conflits et la division, la paix est l’une des clés de voûte de l’avenir. Les parcs de la paix en sont une composante (…) non seulement pour notre région, mais aussi potentiellement pour le monde entier », disait Nelson Mandela.
La création de parcs internationaux de la paix a été suggérée dans des endroits surprenants, y compris dans la zone coréenne démilitarisée et le long de la mer de Béring, entre la Russie et les États-Unis.
Coopération sans frontières

EcoPeace Middle East, un partenariat apolitique co-dirigé par un Israélien, un Palestinien et un Jordanien, est le fer de lance d’une action visant à remédier à la pollution du Jourdain.
L’Équateur et le Pérou se sont disputé leur frontière dans la cordillère du Condor pendant des dizaines d’années. Leur querelle a dégénéré en conflit en 1995. Les États-Unis, l’Argentine, le Brésil et le Chili ont facilité la négociation d’un accord de paix. Plus tard, le président Bill Clinton a amené les dirigeants de l’Équateur et du Pérou à se mettre d’accord sur le tracé de la frontière. Il les a également convaincus de protéger la région qui allait devenir un parc de la paix, en 2004.
Autre exemple de coopération internationale, cité par Todd Walters, fondateur de l’organisation International Peace Parks Expeditions : la « Ceinture verte européenne », qui suit sur 12 500 kilomètres la ligne longeant l’ancien rideau de fer, symbole de division entre l’Est et l’Ouest.
Le parc international de La Amistad : Panama et Costa Rica

Ce parc entre le Panama et le Costa Rica couvre de vastes parties de la plus haute chaîne de montagnes non volcaniques à l’état sauvage d’Amérique centrale. Les deux pays avaient autrefois des différends frontaliers.
Traditionnellement source de conflits, les ressources naturelles peuvent aussi « être à l’origine de la volonté qui pousse à conserver et à coopérer », explique Saleem Ali, professeur à l’université du Queensland, en Australie, et ex-directeur de l’Institute for Environmental Diplomacy à l’université du Vermont.
Les particuliers et les groupes de conservation de la nature sont souvent les premiers à passer à l’action, n’étant pas du genre à attendre que les gouvernements se mobilisent. Par exemple, ce sont les membres de l’organisation bénévole Rotary International qui ont su convaincre le Congrès américain et le Parlement canadien de voter la loi portant création du parc de Waterton-Glacier.
Tous les ans en septembre, des membres de Rotary International marquent l’anniversaire de la fondation de ce parc dans le cadre d’une cérémonie baptisée « Hands Across Borders ». Des rangers américains et canadiens conduisent des randonnées conjointes et collaborent dans la lutte contre les incendies et dans les missions de recherche et de sauvetage. « On tente actuellement de rétablir un troupeau transfrontalier de bisons », ajoute Jeff Mow, directeur du parc de Glacier.
*en anglais