Les rats, nouveaux héros de la lutte contre le trafic d’espèces sauvages

Ils aident déjà les médecins à dépister la tuberculose. Et ils ont sauvé des vies en contribuant à l’élimination de plus de 100 000 mines terrestres. Aujourd’hui, ces « rats-héros » sont chargés d’une nouvelle mission : mettre un terme au trafic illicite d’espèces sauvages.

Rat sniffing land mine (Xavier Rossi/APOPO)
(Xavier Rossi/APOPO)

Les rats ont un don particulier pour flairer le danger et ils le font bien mieux que les personnes ou même les chiens. C’est pourquoi l’US Fish and Wildlife a mobilisé l’odorat extraordinaire des cricétomes des savanes* dans la lutte contre le trafic d’espèces sauvages en Tanzanie. En reniflant les conteneurs d’expédition, les rats peuvent en effet repérer la présence d’animaux que des trafiquants auraient dissimulés.

Ces rats aux talents particuliers ont été baptisés « rats héros » par l’association APOPO* qui les dresse. (APOPO, Anti-Personnel Landmines Removal Product Development, est le sigle anglais de l’organisation qui avait d’abord dressé des rats pour détecter les mines terrestres.)

Aujourd’hui, les rats sont dressés pour repérer des pangolins, les premières victimes au monde du braconnage des mammifères. Cet animal discret à l’allure préhistorique est menacé d’extinction. Ses écailles recouvertes de kératine (la même substance qui entre dans la composition de nos ongles et de nos cheveux) sont broyées et vendues pour leurs prétendues vertus médicinales.

Le pangolin, surnommé « l’artichaut à quatre pattes », a obtenu en 2016 le plus haut niveau de protection dans le monde. Il lui a été accordé par la Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction (Cites), qui a banni le commerce de cet animal et des produits qu’on en tire.

Les pangolins viennent d’obtenir une nouvelle protection de taille qui interdit leur commerce.

Autre cible du flair des rats : le bois illicitement coupé. C’est une tâche importante à l’heure où la demande de ce bois pour la fabrication de mobilier, de portes et de parquets ne fait que croître sur le marché noir.

« Les forêts continuent de diminuer à un taux inédit* dans notre région », affirme Juma S. Mgoo, du Service forestier de la Tanzanie. Il nous faut de nouvelles stratégies, comme le recours aux rats héros, précise-t-il, « sinon, il n’y aura plus de forêts à léguer à nos enfants et à nos petits-enfants ».

La Tanzanie estime ses pertes annuelles à 8,3 millions de dollars* en bois illicitement coupé par les trafiquants.

Les rats à la rescousse

Rat sniffing metal sphere on dirt pile (Theon Table/APOPO)
(Theon Table/APOPO)

Rien de tel que les rats – et leur flair – pour retrouver de la contrebande dans les ports d’expédition et les entrepôts d’exportation*. Avec leur petite taille, ils sont faciles à transporter sans que cela ne coûte cher, font observer Pires et Kirsty Brebner, de l’Endangered Wildlife Trust.

Le dressage des rats pour leur apprendre à déceler certaines odeurs peut durer jusqu’à neuf mois. Les responsables de l’US Fish and Wildlife Service espèrent donc que les héros-rats seront prêts à jouer leur nouveau rôle d’ici la fin de 2017.

 

*en anglais