Une peinture ancienne et un crâne (© AP Images)
Les autorités israéliennes ont trouvé un couvercle de sarcophage égyptien (à gauche) dans un bazar de la vieille ville de Jérusalem. Un crâne datant du VIe siècle (à droite) a été trouvé sur le site préhistorique de Shanidar, à Erbil, en Irak. (© AP Images)

Au Moyen-Orient, un problème ancien refait surface. Les voleurs profitent du chaos causé par les récents conflits pour mettre la main sur des trésors historiques.

Mais les archéologues, les conservateurs et les directeurs de musée, les douaniers et les hôtels des ventes ont tous un rôle à jouer pour stopper le pillage et le trafic de biens culturels.

Des protecteurs d’antiquités du Moyen-Orient sont récemment venus aux États-Unis pour apprendre comment leurs homologues américains déjouent les plans des trafiquants. Leur visite avait été organisée par le département d’État des États-Unis et incluait des rencontres avec des chercheurs et des spécialistes de la Smithsonian Institution et d’autres musées de renom.

Pour plusieurs visiteurs, l’un des avantages était de se rencontrer pour la première fois et d’échanger des informations sur la manière de lutter contre le marché noir et de rapatrier les trésors retrouvés. « C’est une excellente occasion pour moi [d’entendre parler] de leurs problèmes, surtout dans les pays qui sont en guerre ou en conflit », souligne Essam Shihab, du ministère égyptien des Antiquités. Son domaine de spécialisation porte notamment sur les recherches à Louxor et dans les environs, le célèbre site d’anciens monuments de l’époque pharaonique, sur la rive est du Nil.

Un temple à colonnes (© Eric Lafforgue/Art In All Of Us/Corbis/Getty Images)
Le temple de Bacchus, au Liban, construit au IIe siècle par un empereur romain, est l’un des temples les mieux préservés de l’Antiquité. (© Eric Lafforgue/Art In All Of Us/Corbis/Getty Images)

Ce programme de trois semaines a réuni des participants de neuf pays (Algérie, Bahreïn, Égypte, Émirats arabes unis, Israël, Liban, Libye, Maroc et Tunisie) et des territoires palestiniens.

Ils ont rencontré des responsables du département d’État et du département de la Sécurité du territoire qui ont pour mission d’empêcher l’importation aux États-Unis d’objets volés et de protéger le patrimoine culturel. Les fonctionnaires américains leur ont parlé des outils à leur disposition, notamment les lois fédérales qui interdisent les importations d’Irak et de Syrie. Un cadre de l’hôtel de ventes Sotheby’s a discuté des mesures de protection suivies par son groupe.

Les représentants étrangers ont visité la Smithsonian Institution, à Washington, et le Metropolitan Museum de New York ainsi que d’autres hauts lieux de la culture. Des conservateurs leur ont montré comment ils s’y prennent pour documenter la provenance de leurs collections et présenter les trésors au public.

Ils ont aussi appris au contact les uns des autres. « Ça fait du bien de savoir que d’autres connaissent les mêmes problèmes, qu’on n’est pas les seuls à s’y heurter », commente Amir Ganor, de la division Prévention des vols au sein de l’Autorité israélienne des Antiquités. « On peut apprendre de nouvelles méthodes, de nouvelles tactiques, auprès des autres. »

Les voleurs peuvent conserver leur butin pendant des années avant de l’écouler sur le marché. Hind Younes, de la direction des Antiquités au sein du ministère libanais de la Culture, a fait remarquer que certains objets subtilisés pendant la guerre civile étaient restés cachés pendant une dizaine d’années, voire plus.

Une salle remplie de vitrines vides, cassées, avec des morceaux de verre jonchant le sol (© AP Images)
Le musée national de Mallawi, dans la province de Minya, a été mis à sac et pillé en 2013. Environ un millier d’objets couvrant 3 500 ans d’histoire ont été volés. (© AP Images)

Shaban Abdel Gawad, du bureau des rapatriements au sein du ministère égyptien des Antiquités, a déclaré que plus de 500 objets avaient été récupérés l’année dernière. « Nous suivons toutes les maisons de ventes aux enchères dans le monde, ajoute-t-il. Nous avons aussi partout des amis qui nous mettent au courant de ce qui nous échappe. »

Brian Daniels, directeur de recherches au musée de l’University of Pennsylvania, a souligné l’importance de ces réseaux. « Les efforts visant à protéger le patrimoine culturel et à stopper le vol des antiquités doivent s’exercer dans le cadre de vastes partenariats. Pensez aux organisations internationales, aux ministères de la Culture et aux collectivités sur le terrain », a-t-il expliqué.

Il a exhorté ses collègues archéologues à être les plus ardents défenseurs possible. « Si on ne s’en occupe pas, personne d’autre ne le fera », a-t-il souligné.

Les experts étrangers étaient aux États-Unis dans le cadre du Programme de leadership pour les visiteurs étrangers* (IVLP).